En ces temps ou il est difficile de savoir à quoi nous avons réellement affaire, un exemple fortuit la viande de certains plats préparés, il est plutôt rassurant de trouver des domaines où l’on a des certitudes.
Ainsi en lisant Luther Strode vous êtes sûr de tenir dans vos mains une BD pour public averti, le doute n’est pas permis, il s’agit d’un des comics les plus sanglants et bourrin que j’ai pu lire… aussi je me fendrai bien volontiers d’un petit néologisme en disant qu’il est « bourrignolant »…haha !

Bref, Luther est un jeune lycéen fluet au look d’intello geek, qui commence doucement à se lasser des brimades et moqueries des gros bras sportifs de sa classe, et pour améliorer son quotidien son père semble avoir battu sa mère. On ne peut pas dire que sa vie soit un enchantement, jusqu’au jour où il reçoit sa commande, un livre, ou plutôt une méthode pour réajuster l’esprit, le corps et l’âme : La méthode Hercule.
Ni une ni deux le jeune homme s’y met, et en moins de temps qu’il ne lui en faut pour se rendre compte de ce qui lui arrive, il triple son poids, acquière une carrure d'heptathlonien, se retrouve capable de rattraper in-extremis des assiettes qui tombent, ou d'arrêter un ballon destiné à lui exploser le nez. Plus saisissant encore, il entrevoit toutes les possibilités de mouvements envisageables d’une personne avant qu’elle n’agisse. En revanche, petit désenchantement, il semble avoir développé un gout pour l'hyper violence, quasi instinctif.
Comme le manifeste de la méthode Hercule le stipule en première page du comics, Luther se retrouve face à des « changements extraordinaires ».
Bien sûr, se découvrir une panoplie de possibilités à nulles autres pareil, et en être réduit à se venger des terreurs de son lycée, est une bien misérable ambition, et c’est son meilleur ami Peter (encore plus gringalet et Geek libidineux que lui) qui va lui suggérer l’idée de devenir un Super-Héros, avec tout le tralala du costume, au masque.
Et que serait un Super-Héros sans une Némésis à la hauteur de ses ambitions. C’est malheureusement dans la douleur et l'horreur que Luther va rencontrer celui qui se fait appeler le Bibliothécaire : une armoire à glace à lunette en habits distingués, dont la mission semble être de recruter des hommes, ou de les mettre à l'épreuve façon désossage et steak tartare, pour un énigmatique…Caïn.



Luther Strode n’est pas un comics révolutionnaire, pas un instant.
Le thème du « Super-Héros », ou de l'homme aux talents poussés (puisqu'ici il ne s'agit pas de pouvoirs) qui devient sur-violent et sanguinolent par catharsis, n’est pas nouveau, et en dépit de quelques fioritures de formes, a été déjà vu dans Black Summers, ou Kick-Ass. Cela n’empêche nullement de trouver le récit de Justin Jordan efficace et bien amené avec moult fun et humour, de la comédie et du drame. Le dessin anguleux et classique de Jordan Moore fait lui aussi son travail, à savoir proposer quelques scènes de bastons dantesques, et donc de dessiner avec brio tout ce qu’est capable d’infliger un type ayant la possibilité de décapiter un homme d’un revers du tranchant de la main…
Si vous êtes sensibles ou allergiques à l'hémoglobine et aux tripes à la mode Luther, passez votre chemin, ce comics résolument tourné vers l'action et le divertissement gore est ultra efficace dans son genre. J'espère que la suite de ce premier tome sera du même acabit.
Cosmoclems
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le 22 févr. 2013

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