Un Dieu déchainé ! - Marvel Classic, tome 12 par arnonaud
Ça fait toujours plaisir de lire quelques récits de Jack Kirby (et de Stan Lee aux dialogues). Il y a un côté très primaire, très naïf dans ces histoires, avec des bagarres qui se déclenchent pour un oui et pour un non et pleins d’événements farfelus, mais il y a en même temps une telle force !
Déjà, il y a l'énergie folle des dessins de Kirby, de ses personnages aux postures improbables... Et il y a tout un imaginaire, tout un vocabulaire graphique qui lui est vraiment propre et qui est vraiment unique dans l'univers des comics de super-héros.
Il a beau se baser sur des personnages mythologiques comme Thor, Odin, Pluton... (oui, il mélanges les mythologies), mais il les réinterprète tellement qu'il les fait complètement siens. On navigue au fil des épisodes dans un univers vraiment unique, qui se développe en permanence, il y a une vraie impression de voyage, de découverte, d’émerveillement devant ces mondes tordus et dégénérés, aux machines folles, aux ruines endiables ou encore dans le cosmos mystérieux... Il y a vraiment un côté passionnant, un univers que seul Kirby peut créer et qu'on ne retrouve dans aucun comics Marvel ou DC moderne. Jamais, actuellement, on a l'impression de découvrir un monde totalement fantasque, imprévisible et merveilleux en ouvrant les pages des comics de slips... Et c'est peut-être dommage.
Ce recueil est donc très agréable à lire, avec des personnages au charisme de légende comme l'omnipotent Odin et ses casques improbables, le tout puissant Him (le futur Adam Warlock) véritable statue grecque vivante, où le gargantuesque et imposant Galactus dont l'ombre plane sur une bonne partie du récit. La seule déception est peut-être Sif, qui, malgré son statut de guerrière, est vraiment traitée comme la potiche amoureuse des récits des 60's, se faisant même enlevée deux fois par les différents vilains...
Mais bon, ce n'est pas une raison pour bouder ce récit bouillonnant d'énergie, aux batailles vives et avec une utilisation des splash pages qui m'impressionne toujours. Le Kirby de la fin des années 60 arrive vraiment à faire des histoires assez denses avec très peu de cases (souvent 4 par pages, et avec régulièrement des splash pages) et c'est assez admirable (même si ses scénarios sont assez simples). Et c'est surprenant de le voir faire des récits à suivre, feuilletonesques, moi qui ne l'ai lu pour le moment que dans les récits complets qu'il faisait au débuts des années 60 sur Fantastic Four.