Parfum de thriller pour les Nombrils
Titeuf et Kid Paddle ont du souci à se faire. Petit à petit, Vicky, Jenny et Karine, les trois filles déjantées de la série "Les Nombrils", sont en train de leur voler la vedette: les nouvelles stars de la BD humoristique, ce sont elles! Apparues pour la première fois dans le journal Spirou en 2005, ces trois ados au caractère bien trempé sont devenues en peu de temps des figures incontournables du célèbre magazine de BD, comme pouvait l’être un Gaston Lagaffe en son temps. Désormais, quand le Spirou arrive dans la boîte aux lettres, la première planche qu’on lit, c’est celle des Nombrils. Un succès qui s’explique certainement par l’efficacité du dessin de Delaf et par le sens du rythme de Dubuc. Mais surtout, la recette magique des auteurs canadiens de cette série tient en deux mots: politiquement incorrect. Même si leurs histoires sont tout public, ils n’ont aucun tabou quand il s’agit de faire rire leurs lecteurs. Ils n’hésitent pas à faire des blagues sur le physique ingrat, sur l’alcoolisme ou sur l’homosexualité, par exemple, ce qui est tout de même plutôt rare dans un magazine pour enfants et adolescents. Mais c’est précisément ce que les lecteurs adorent! La médaille du politiquement incorrect revient à Vicky et Jenny, sans doute les personnages de pestes les plus réussis de l’histoire de la BD. Totalement égocentriques et souvent méchantes, elles tueraient père et mère pour être sous les projecteurs, quitte à éclipser dès que possible leur fidèle copine Karine, qui fait pourtant preuve d’une patience hors du commun face au comportement exaspérant de ses deux amies "bombasses". Cela dit, depuis quelques albums, Karine prend de plus en plus son envol. Désormais, c’est plutôt Vicky et Jenny qui se prennent les coups. Dans "Un été trop mortel", le tome 6 qui vient de paraître chez Dupuis, c’est surtout Vicky qui semble partie pour vivre un été difficile. Alors que Jenny passe son temps à draguer des surfeurs musclés sur la plage et que Karine est accaparée par ses répétitions avec le groupe de musique de son petit ami Albin, Vicky est envoyée par ses parents dans un horrible camp de vacances pour y apprendre l’anglais. Les chemins des trois copines vont-ils se séparer? Non, car un mystérieux tueur en série va les amener à se rapprocher à nouveau. Plus construit que les albums précédents, ce sixième tome est l’occasion pour Delaf et Dubuc d’explorer de nouvelles pistes, en quittant par moments l’humour gras et grinçant des premiers gags pour creuser davantage la psychologie de leurs personnages. Par moments, ils vont même jusqu’à verser carrément dans le thriller, lorsque les trois filles se retrouvent confrontées à ce fameux serial-killer obsédé par "un monde meilleur". Du coup, même si ce tome 6 reste globalement d’un très bon niveau, on perd parfois un peu la fraîcheur et le ton décalé des premiers albums. Un bémol qui n’empêche pas que le temps va paraître long jusqu’au prochain retour de Vicky, Jenny et Karine dans les pages du magazine Spirou…
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