Tranquillement installé sur un banc dans un jardin public, arborant un t-shirt noir orné d'une tête de mort, Lapinot discute avec Richard. Lapinot, oui, celui-là même qu'on avait quitté, définitivement nous semblait-il alors, renversé par une voiture dans La Vie comme elle vient... Treize ans après avoir tué son héros emblématique, et l'un de personnages les plus attachants de la BD contemporaine, Lewis Trondheim le ressuscite, comme ça, d'un coup de cuiller à pot. Après tout, pourquoi pas ? Déjà, la série ne fait pas grand cas de la cohérence du continuum espace-temps ; et ensuite si l'auteur a voulu ramener son lapin à la vie, c'est bien son droit, non ? En mémoire des dix albums des Formidables Aventures de Lapinot parus entre 1997 et 2004, de la tendresse, l'émotion et les fous rires que leur souvenir ravive, on ne peut que se réjouir de cette résurrection.


On retrouve donc Lapinot, toujours sincère, droit et soucieux de venir en aide à son prochain, flanqué de l'inénarrable Richard, imbécile au grand cœur. Les deux compères font la connaissance de Gaspard, qui travaille comme cobaye pour des laboratoires pharmaceutiques, et vient de développer, en ingérant tour à tour plusieurs cachets, l'étrange capacité de percevoir l'aura des gens... Bon ou mauvais, honnête ou menteur, la personnalité de chaque individu lui apparaît avec la clarté d'un panneau lumineux. Ce fascinant pouvoir permettra-t-il à nos héros de rendre le monde un peu meilleur... ou bien pire ?


À la lecture de ce premier tome des Nouvelles Aventures de Lapinot, il se dégage un mélange d'émotions presque contradictoires. Évidemment, la joie de retrouver Lapinot, sa sensibilité un brin désabusée et ses réflexions pleines de justesse le dispute à l'hilarité déclenchée par chaque remarque idiote de Richard. Mais l'album laisse aussi comme un goût de trop peu, voire de réchauffé. Abordant de nombreux thèmes actuels comme le terrorisme islamiste, le journalisme à sensation, les pratiques contestables de l'industrie pharmaceutique ou les applications de rencontre, Trondheim se contente de survoler, exploitant un filon pendant deux ou trois pages avant de l'abandonner pour passer au suivant. L'histoire pâtit de cette relative absence de cohésion, et peine à susciter l'enthousiasme. Quand on a déjà lu et relu les précédents Lapinot, cette nouvelle aventure n'apporte pas grand-chose de neuf. Bien que plaisante par certains aspects, cette résurrection impromptue manque donc quelque peu d'âme.

mazthemaz
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mes BD, Les meilleures BD de Lewis Trondheim et Les meilleures BD de 2017

Créée

le 21 août 2017

Critique lue 703 fois

13 j'aime

4 commentaires

The Maz

Écrit par

Critique lue 703 fois

13
4

D'autres avis sur Un monde un peu meilleur - Les Nouvelles Aventures de Lapinot, tome 1

Du même critique

La Tour sombre
mazthemaz
5

Une petite bafou-bafouilleu...

Étonnant... Je viens de voir ce film qui s'intitule La Tour sombre, mais qui n'a rien à voir avec l'excellentissime série de romans de Stephen King... Et pourtant, j'ai bien cru voir le nom de...

le 18 oct. 2017

27 j'aime

6

La Main au collet
mazthemaz
7

Copycat

La Main au collet est la preuve indiscutable qu'autrefois, la Côte d'Azur n'était pas bétonnée... Qui l'eut cru ? Tourné durant l'été 1954, le vingtième film américain d'Alfred Hitchcock, qui s'ouvre...

le 3 mai 2017

26 j'aime

12

Une femme disparaît
mazthemaz
8

Le Maître du suspense... comique !

Un film qu'on pourrait qualifier de jeunesse, bien qu'Alfred Hitchcock eut alors près de 40 ans, tournât son seizième long-métrage parlant et s'apprêtât à quitter son île natale pour les États-Unis...

le 4 avr. 2017

25 j'aime

10