Très sympa cet album et pourtant décevant.
J'ai beaucoup aimé ce retour au pays, ça m'a fait penser à "Les bijoux de la Castafiore" pour ce côté aventuresque tout en évitant le côté spectaculaire. L'auteur s'attarde sur les petites choses après une longue absence, c'en devient très vite touchant. L'intrigue est également intéressante mais, et c'est là que la déception apparaît, elle est trop faiblement nourrie. En gros, l'auteur évite d'aborder le sujet de son album, digresse, certes avec de belles choses, mais à force de repousser le moment fatidique, on finit par s'ennuyer un peu et surtout regretter que le fond du sujet ne soit pas plus amplement exploité. Il m'a donc manqué une confrontation familiale, une enquête permettant de pénétrer les incertitudes de Théodore.
Graphiquement, Frank Le Gall se montre plus sage, plus classique, mais bon sang quel talent. Il n'y a pas une seule vignette qui soit inintéressante. Et c'est d'autant plus impressionnant que l'on sent que ce résultat est le fruit d'un travail énorme au travers de tous les précédents albums. Si l'on prend par exemple les inserts de table vide ou de bibelots, c'est quelque chose que Le Gall a essayé de faire dès le premier album, sauf que dans la mise en page, dans le jeu de lignes directives, on sent qu'il manquait quelque chose, que ce n'était pas parfait, un peu comme quand on bute sur un mot au milieu d'une belle phrase. C'est désormais chose réparée. Même son utilisation de noir bien plus modérée est plus efficace, plus impressionnante. Holala, ce que j'aimerais voir ses brouillons, ses storyboards, ses recherches... Au niveau des couleurs c'est également toujours aussi simple et efficace.
Bref, je suis déçu mais je ne parviens pas à ne pas être plus sévère tant l'album regorge de qualités derrière cette simplicité apparente. Théodore est même le genre de héros qu'on voudrait être, qu'on comprend un peu, on se retrouve dans ses souffrances (même sans avoir vécu ce qu'il a vécu).