Lapinot est mon personnage préféré de bandes dessinées. Il m’a immédiatement séduit depuis que je l’ai rencontré il y a une grosse vingtaine d’années. J’ai été profondément attristé par sa première mort. Sa seconde vie a été une des surprises que j’ai connue dans l’univers du neuvième. Chaque nouvel opus des aventures du héros créé par Lewis Trondheim est un événement pour moi. Le dernier en date, *Un peu d’amour* n’a pas échappé à la règle…
« Si les libres étaient comestibles, mangerions-nous ceux que nous n’avons pas aimés ? » Cette phrase se trouve sur la quatrième de couverture de l’album et confirme tout le talent de Lewis Trondheim pour jouer avec les mots. Le fil conducteur de l’histoire est un sans-abri qui décrit avec une jolie plume et anonymement son quotidien dans la rue. Après l’avoir rencontré, Lapinot essaie de le persuader d’éditer sa prose. Mais l’auteur n’est pas forcément favorable au fait de voir sa vie chamboulée…
La structure narrative est originale. Chaque page se compose de trois gags indépendants. Chacun se compose de trois ou quatre cases et s’étire sur une ligne. L’ensemble de toutes ses scénettes forment une histoire complète avec ses enjeux, ses rebondissements et son dénouement. Cette construction des planches offre ainsi un rythme soutenu à la lecture.
A travers son intrigue, l’auteur nous décrit un pan de notre société avec humour. Nombreux sont les thèmes évoqués et habilement utilisés pour nous faire rire de nos propres excès et de nos incohérences. Sans être donneur de leçon, Trondheim, à travers Lapinot, joue des codes actuels pour offrir de pur moment de rigolade tout en nous faisant réfléchir. Rien n’est jamais lourd ou condescendant. Tout est juste, subtil et drôle.
Trondheim arrive une nouvelle fois à faire vivre une belle galerie de personnages. Les échanges entre Lapinot et son excessif meilleur ami Richard se boivent comme du petit lait. Les réflexions émises par le sans-abri écrivains sont également très intéressantes. La bibliothécaire est un personnage réussi qui apporte son écot à l’ensemble. Bref, aucune présence dans le casting n’est à jeter bien au contraire. Tout ce petit monde offre une densité et une diversité particulièrement agréables à la lecture.
Les dessins sont fidèles au style de son auteur. Ils participent de manière importante à l’identité de la série et à son univers. Dessiner les personnages sous forme animalière leur offre du caractère et une personnalité propre à chacun. Le travail sur les couleurs met l’ensemble en valeur et participe au plaisir de la lecture.

Pour conclure, ce nouvel épisode des aventures de Lapinot est une belle réussite. J’ai adoré retrouver ces personnages familiers, j’ai savouré la qualité de leurs répliques et je me suis passionné pour le devenir de cet écrivain pas comme les autres. Est-il besoin de préciser que j’attends avec impatience le prochain tome ?

Eric17
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le 31 déc. 2020

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