Un printemps à Tchernobyl
7.8
Un printemps à Tchernobyl

Roman graphique de Emmanuel Lepage (2012)

C'est seulement en revenant sur cette BD en écrivant ces lignes que je me rends compte de quelle était la volonté de l'auteur.


Avant ca j'appréciais la graphie impressionnante et si unique de Emmanuel, mais sans en pénétrer les intentions.

J'admirais sans comprendre, j'étais retombé en enfance à Tchernobyl.


Et en fait c'était le but, et ca a tellement bien fonctionné que j'en ai totalement perdu mon esprit critique au point de ne pas penser à me replonger dedans et d'analyser cette source de vie.


Comme un enfant, j'avais juste aimé, m'était juste laissé porté d'un point A à un point B, tellement c'était déroutant, plus aucun repère dans ces bois si lointain de mes habitudes.

Je me suis laissé coulé inconsciemment, dans le noir de ces profondeurs qui n'ont jamais dit leur nom à aucun moment.


Celui du contraste de toute chose : de la perception altérée par le gris des masses.


Tout un chacun s'attend à un récit horrible en allant en territoire soviétique, tout est si ombragé par l'Histoire : croyant que forcément le quotidien vit dans les ténèbres des lignes écrites milles fois dans les livres.


On y rencontre des gens qui ont vécu des choses, tout simplement, ils gardent le sourire parce que personne leur a dit qu'il fallait le perdre.

Tous ont gardé leur caractère, leur passé, leur bienveillance, pourquoi les hommes devraient perdre leur essence quand tout a brulé ?


La foret, elle, ne disparait jamais, c'est un lieu ou les ténèbres et les lumières se partagent le terrain équitablement : si tu veux seulement ces dernières, il faut que les premières disparaissent avec tout le reste.


Les hommes repoussent sans cesse peu importe à quel point on leur coupe l'herbe sous le pied, ils ne peuvent arrêter de vouloir, exceptées quand leurs racines sont arrachées.


Si leur routine est intoxiquée par les évènements au dessus d'eux, leur retombant dessus pour les altérer, ils persisteront jusqu'à se débarrasser du poids du temps : les hommes d'avant ne sont pas d'une autre espèce de ceux de maintenant, ils étaient juste recouvert d'autres apparats.


Cette œuvre nous a montré des humains rerassemblant les choses de la vie, malgré tout leur malheur, pour reformer l'harmonie de la nature.

Tout peut être si laid en regardant dans la lentille conforme de l'instant, ou tu peux juste voir la réalité comme elle est : une constante renaissance, une fécondité sans fin.


Ce n'est pas un printemps simplement parce que ca revit joliment, mais parce que ca surmonte la mort tout en gardant ses marques durement effaçables, que ca cherche la lumière malgré toutes les catastrophes possibles : de l'hiver saisonnier à l'hiver nucléaire.


Tout est clair-obscur dans la foret, l'état sauvage : la beauté renait vivement dans le sang.


L'existence est simple à vivre dans la pénombre, moins de choses t'attrapent les yeux et la conscience en demeurant dans l'ombre du monde.


Les ténèbres et la lumière sont juste là pour arranger les pièces du jardin : chaque chose à sa disposition en fonction de ce que celles-là leur laisse pour évoluer équilibrement entre elles.


Une constante harmonie ne trébuchant jamais, se parfaitisant à mesure que les notes s'assortent pour ne laisser place qu'à un seul son interminable, celui de la vie.


En vivant dans les lieux oubliés, on comprend que l'ombre est aussi belle que le reste, même qu'elle est nécessaire, à ce reste, en fait.

Tout ne peut pas être constamment au Soleil sous peine de s'user, de perdre de son essence : chaque chose à sa place, son temps, briller puis rechercher son sens indéfiniment.


Son utilité dans sa disparition perpétuelle.


La foret est la plus magnifique représentation de cela, elle est l'entité la plus vivace de l'univers.

A chaque seconde du déplacement de l'astre de chaleur, chaque unité, en lien avec toutes les autres, s'arrange pour créer de l'harmonie constamment avec les moyens environnant.

Chacune veut littéralement aussi l'élévation des autres, le plus possible, vers le plus haut, le mieux, le plus enrichissant à tous.

C'est ce qui crée l'expression la plus magnifique qui soit, la symphonie de l'existence : l'art de vivre ensemble poussé à ses enchevêtrements les plus complexes.


La vie architecturalisée.


Ses deux concepteurs étant l'édificateur de jour et l'ingénieur de nuit, l'artiste rayonnant la matière en un relief et le technicien arrangeant les mécaniques de l'entrelacement ombrageant.


Bref encore beaucoup d'inspirations qui m'ont données à écrire pour une simple histoire de vie en soit.

Janenba
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le 2 déc. 2023

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Janenba

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