America will save the world !
BD inspirée du best-seller de Howard Zimm, Histoire populaire des Etats Unis, qui passe en revue l’histoire du pays de l’oncle Sam d’une manière beaucoup moins flatteuse que l’Histoire officielle. C’est une histoire d’en bas, des minorités, des asservis, des pauvres, des opprimés, des oubliés. Ainsi point d’humanisme, de démocratie, de valeurs justes, tout n’est en fait qu’un froid calcul politique, de mensonges, d’asservissement, de détournement de l’opinion, et ce répétant inlassablement au cours de l’histoire. C’est ainsi, l’envers du décor qui nous est montré. Ou plutôt pour paraître plus neutre, la vision d’Howard Zimm de cet envers du décor.
Une histoire populaire de l’empire américain reprend donc cette trame en s’arrêtant sur quelques points important de cette histoire. Le livre est construit sous forme d’un discours que tient Howard Zimm pendant une sorte de meeting tenue à l’occasion de la contestation de la guerre en Irak. Ainsi le récit est une sorte de constant flash-back.
Pèle mêle il est par exemple évoqué l’oppression des indiens, la diabolisation du syndicaliste, le détournement des guerres aux Philippines et à Cuba, l’Amérique qui se plaignant de l’attaque de Pearl Harbor mais qui a enfreint les règles de neutralité depuis plusieurs années, les méthodes « fascistes » envers les japonais américains, l’Iran Gate, la ségrégation raciale, la mise au pas de la politique américaine sous le joug et les intérêts des grands industriels etc etc
Certes quelques pisses froids pourraient relever le fait que le livre, ou plutôt cette BD, n’est qu’un amas de critiques sur les Etats Unis, sortent de grand Satan persécuteur des peuples. Mais d’une part, une « histoire objective » n’existe pas, et de plus, le point de vue est clairement annoncé dès le départ, donc faire sa vierge effarouchée ne rime à rien. Et surtout, vous êtes vraiment surpris de ce que vous avez pu lire à cette occasion ? Si c’est oui, je suis en droit de me poser quelques questions à votre propos …
Pour autant, bien que je loue l’initiative sur le fond, du côté non pas de chez Swan, mais de la forme, j’ai plus de réserves à apporter … Certes dans une BD le dessin ne fait pas tout (coucou BlackSad) et l’écriture reste un élément important. Mais il faut tout de même faire le minimum du côté esthétique, et là nous sommes vraiment à la limite. Le dessin fait vraiment parfois très enfantin, c’est simple, pas très détaillé, et rarement harmonieux.
Étrangement, bien que je n’aie pas trouvé le fond de l’œuvre caricatural, je pense qu’on peut utiliser ce terme pour le dessin qui parfois est assez limite dans la représentation de ses personnages. Les gentils opprimés d’un côté, les méchants exploiteurs de l’autre, tous avec des caractéristiques physiques propres.
Pour autant, j’ai vraiment apprécié l’utilisation récurrente d’image d’archives, de cartes, de photographiques, de caricatures, d’extraits de journaux ou encore de déclarations politiques pour appuyer le propos du livre. Cela renforce le côté historique, sérieux de l’œuvre et apporte une vraie plus-valu au propos et permet de trancher avec ce dessin pas forcément au niveau.
Une BD intelligente, très fournie, lourde pourrait-on dire, que l’on retient plus pour son fond que sa forme. Une œuvre synthétique, engagée, militante, délivrant une opinion propre, et à prendre comme telle.
Amis bédéphiles et amoureux d’histoire, cette œuvre est faite pour vous.