Sasha n'en peux plus de voir les flocons tomber sur Moscou. Il a besoin de soleil, comme lui dit son docteur. Il a besoin de se vider le tête loin du froid et pars donc sur un coup de tête en Égypte. Il faut dire qu'à cette époque, en 1870, l'orientalisme est à la mode chez les européens et les russes qui s'empressent de visiter quelques pays chauds pour parader lors de leur retour au pays. Sur le bateau, notre jeune russe rencontre un peintre français, Alexandre, ainsi que sa compagne, Catherine, qui lui proposent de visiter avec eux le Caire. Il accepte mais prie en son for intérieur de se débarrasser vite de ce couple qui lui semble trop riche et hautain pour lui. Malgré ce pressentiment, Sasha reste avec le couple français un bon moment. Ils sont tout trois assez proches lorsqu'ils sont invités à découvrir des danseuses orientales. L'une d'elle bouleverse complètement les deux hommes qui abandonnent toutes leurs activité pour la retrouver et l'épouser.
Si l'Orient éveille en vous, et avec raison, des images de paysages magnifiques, vous risquez d'être légèrement déçus. Vous aurez droit à des esquisses assez simples, mais très colorées et agrémentées d'une jolie lumière qui éclaire réellement l’œuvre dans son ensemble. Les dessins m'ont plût, mais peut être leur simplicité a de quoi laisser un autre lecteur sur sa faim.
Le personnage principal, notre russe chétif, est immédiatement attachant avec son petit air triste et inquiet. Alexandre, lui, énerve plus qu'autre chose à la première rencontre. Il affiche un sourire narquois et semble faire un pied de nez au monde entier. Pourtant, il est presque aussi perdu que Sasha : enfermé dans un mariage sans passion, il n'arrive pas à peindre autre chose que des paysages mornes sans lumière. Il espère que les couleurs chaudes de l’Égypte vont l'aider à se renouveler. Comme Sasha, ses inquiétudes s'envolent quand il découvre la danseuse aux mouvements enchanteurs. Finalement, les deux personnages se ressemblent plus qu'il n'y paraît et leur différences les rendent fondamentalement complémentaire. Alexandre transforme Sasha qui se met à écrire des poèmes, comme il a souvent eu envie de le faire et Sasha sauve Alexandre d'une mort certaine alors qu'ils étaient tous deux partis pour le désert rejoindre la belle. Encore plus que le triangle amoureux, c'est bien cette relation d'amitié qui fait vivre l'histoire. Et n'oublions pas Catherine, toujours amoureuse d'Alexandre et désespérée de le voir partir si loin d'elle pour des tableaux et une femme.
Sans jamais tomber dans le facile ou la mièvrerie, on a là de très bonnes relations entre personnages, eux même très bien écrits. Ils évoluent dans un monde riche plus pour l'imagination que pour les yeux puisque sont évoqués l'orientalisme, l'amour, l'amitié, la Russie, la France, la poésie, la peinture, la passion, la danse ... Si les dessins restent trop simples pour vous faire voyager dans votre petite tête, les thèmes évoqués suffisent largement à construire un cosmos enivrant et poétique.
Petite note finale positive pour la conclusion de l’œuvre : très bien amenée, elle réponds à toutes les intrigues de l’œuvre tout en faisant sourire le lecteur.