[Attention spoilers] Oui je sais, c'est un peu une hérésie de mettre 5 à ce comics mythique, mais la déception est telle que je ne peux lui mettre plus.
Tout d'abord, je n'ai jamais réussi à me faire au style de dessin, trop ombreux, imprécis, et qui selon moi rend les personnages laids et trop inexpressifs. C'est sûrement un choix artistique, pour accentuer le côté sombre, mais je n'accroche clairement pas.
Ensuite, la narration m'a semblée confuse. On alterne entre les points de vue de V. et Evey et ceux des membres influents du parti, mais ceux-ci sont totalement inintéressants et caricaturaux. Ils aiment le pouvoir, et quoi qu'il arrive, ils voudront toujours essayer de le récupérer, pensant pouvoir renverser la révolution. Certes, il y a déjà eu des applications réelles de ce principe (Gbagbo en Côte d'Ivoire récemment), mais je m'attendais à des personnages plus complexes et développés. On n'évite également pas le cliché de la femme de pouvoir qui couche un peu avec tout le monde, juste pour avoir le contrôle du pouvoir ou du subordonné qui veut devenir calife à la place du calife. Cette partie m'a clairement déçue (et ennuyée) au plus haut point.
D'un autre côté, la partie de V. est bien plus intéressante, et je comprends tout à fait que le personnage soit devenu si populaire. Doté d'idéaux élevés et semblant totalement incorruptible, V. incarne la liberté, la justice et la vengeance. Et j'apprécie le choix de Moore de proposer un héros non-consensuel qui peut faire des actes assez horribles, laissant au lecteur la possibilité de juger ses actions comme bonnes ou mauvaises. De même, la formation d'Evey est plutôt intéressante (même si V. a tendance à devenir agaçant avec son mysticisme) et la fin est vraiment réussie, puisqu'elle montre l'utilité des épreuves endurées par celle-ci (lui faire ressentir ce que V. avait pu éprouver ?) et l'identité de V. . On ne sait pas quel était son nom ou à quoi il ressemblait, mais il incarnait une idée. Et même s'il meurt, cette idée demeurera immortelle. Un message très fort et vraiment bien amené, qui m'a fait penser au personnage d'Hoederer dans "Les Mains Sales".
Malheureusement, tous les problèmes de rythme ont fait que j'ai eu beaucoup de mal à finir ce comics. Trop long ? Je ne pense pas. Mais trop verbeux, inutilement, peut-être. Trop prétentieux aussi ? Parce que non, ça ne vaut pas 1984, la réflexion et les points de vue ne sont pas poussés aussi loin et V pour Vendetta souffre clairement de la comparaison avec l'oeuvre de laquelle il s'inspire.
Donc au final, malgré la réussite que constitue le personnage de V. et un certain cachet que dégage ce comics, j'en ressors vraiment déçu. Je suis peut-être passer à côté de quelque chose, mais j'en attendais sûrement beaucoup trop. Surtout après la baffe que me procura Watchmen, bien plus riche et intéressant dans ses idées et sa narration.