Au premier contact avec la série Vagabond, je n’ai pas eu de révélation ou autre coup de foudre. Il s’est même produit l’inverse puisque au bout du 4ème tome j’ai finalement décidé d’arrêter. Pourquoi ? Et bien parce que j’étais au collège, dans une période où j’étais plongé uniquement dans des shonen et où un manga de baston sans fun ne m’intéressait pas. Mais le temps s’est écoulé et je suis retombé dessus quelques années plus tard. D’une part, le souvenir d’un héros sans charisme et désirant seulement tuer pour affirmer sa supériorité au sabre ne m’emballais pas et d’un autre côté, l’histoire du Japon et plus particulièrement la période Edo que je connaissais depuis peu, me donnais très envie. C’est alors que j’ai vraiment découvert Vagabond.
C’est donc un Manga de Takehiko Inoue publié depuis 1999. L’histoire nous conte la vie de Takezo Shinemen, le fils d’un grand samouraï. Il erre dans tout le Japon à la recherche de puissants adversaires afin de devenir « sans rival » le sabre à la main et prendra le célèbre nom de Miyamoto Musashi.
Je précise que le mangaka adapte ici les romans d’Eiji Yoshikawa La pierre et le sabre ainsi que La parfaite lumière (ne pouvant plus attendre la suite j’ai donc lu les romans). Mais cette adaptation n’est clairement pas une copie de l’original (personnages parfois modifiés,... Ex : Takezo n’a pas de sœur dans le manga), même si les grandes lignes restent les même.
Voyons maintenant pourquoi lire Vagabond ?
Contrairement à mes premières impressions, le héros n’est pas un simple personnage qui cherche seulement à tuer tous les guerriers qu’il rencontre. L’histoire nous raconte une vie très détaillée ! Alors forcément Takezo n’évolue pas comme ça d’un chapitre à l’autre. On commence avec un gosse immature élevé par un père brutal et qui en grandissant devient un peu violent mais pas véritablement méchant. Du coup les autres habitants le rejettent et lui renvoient l’image de « fils du démon ». Il finit par s’approprier cette image de lui-même et part en quête de pouvoir. Il va alors rencontrer de puissants combattants, des hommes de grande sagesse et même l’amour.
Ces trois points sont très importants car ils vont véritablement faire évoluer le personnage principal. Cette évolution est d’un réalisme incomparable pour plusieurs raison : la justesse de tous les personnages et le dessin. Ce dernier point est plus qu’important. Si le rythme de parution est lent c’est dû au fait que l’auteur possède plusieurs séries publiés en même temps mais aussi parce qu’il s’applique énormément pour chacune de ses planches qui n’ont rien à envier à Berserk ! De plus Takehiko Inoue n’hésite pas à utiliser un pinceau et à varier ses outils de travails. Plus qu’un mangaka, ses planches sont l’œuvre d’un véritable maître du dessin. On voit donc très bien l’évolution du héros au sens physique par le dessin mais aussi au sens morale et spirituel.
Les différentes rencontres de Takezo, comme celle avec un moine zen, vont le conduire au fur et à mesure, vers un autre objectif que la simple obtention de force. A travers la compréhension du monde qui l’entoure et les leçons qu’il tire après des centaines de combats meurtriers, il ne s’oriente non plus vers le besoin d’être le plus fort mais vers la maîtrise d’un art à part entière : la voie du sabre. Sa propre remise en cause va impliquer une dimension spirituelle et un rapport à la nature très fort.
C’est donc une œuvre qui s’inscrit dans la durée, il ne faut pas s’arrêter aux premiers tomes et aux premières impressions. Par contre, soyez près à être patient car avec une moyenne de parution d’un manga tous les 5 mois qui se lit en 30 min, vous allez trouver le temps long. De plus le manga coûte plus de 9€, mais les nombreuses pages couleurs réalisés par un si grand maître n’ont pas de prix !