Quand les zombies deviennent un décor et que la vraie bataille se joue dans les cœurs

Dans Vainqueurs, tome 28 de Walking Dead, Robert Kirkman et son équipe nous rappellent que les zombies ne sont qu’une excuse pour explorer l’humanité dans toute sa splendeur... et sa décadence. Ici, les vrais monstres ne sont pas ceux qui grognent et traînent les pieds, mais ceux qui planifient, manipulent, et parfois, aiment avec un soupçon d’intérêt caché.


Ce tome s’inscrit dans une dynamique post-guerre, où les vainqueurs (vous l’aurez deviné) savourent leur triomphe... ou pas. Car être vainqueur dans ce monde de chaos, c’est surtout une nouvelle invitation à surveiller vos arrières, à renforcer vos murs, et à vous demander à quel moment votre voisin va vous planter un couteau dans le dos (ou un pieu dans le front). Kirkman joue avec cette tension permanente, et le résultat est captivant.


Les personnages continuent d’évoluer dans cet entre-deux fragile entre paix et méfiance. Rick, toujours aussi charismatique qu’épuisé, essaie de maintenir un semblant d’ordre, tandis que d’autres se demandent si le nouveau monde vaut vraiment la peine de se battre. Les dialogues, souvent tranchants comme des machettes, alternent entre espoir fragile et désespoir résigné.


Visuellement, Charlie Adlard, accompagné de Stefano Gaudiano et Cliff Rathburn, offre des planches toujours aussi efficaces. Les contrastes noirs et blancs, signature de la série, capturent parfaitement l’ambiance morose et tendue. Les scènes d’action, bien que moins nombreuses dans ce tome, frappent toujours aussi fort. Mais ce sont les regards – pleins de suspicion, de douleur ou d’épuisement – qui racontent le mieux l’histoire.


Le rythme de ce tome est plus posé, laissant de la place aux intrigues politiques et aux jeux de pouvoir. Cela plaira à ceux qui apprécient les tensions psychologiques et les subtilités relationnelles, mais pourrait frustrer les amateurs de bastons de zombies. Car oui, les morts-vivants sont presque relégués au rôle de figurants, apparaissant juste assez pour rappeler qu’ils existent.


Si Vainqueurs a un défaut, c’est peut-être cette sensation de transition. Le tome semble poser les bases pour de futurs conflits sans vraiment offrir de conclusion marquante. Mais dans l’univers de Walking Dead, la survie est un marathon, pas un sprint.


En résumé, Vainqueurs est un chapitre solide qui explore avec brio la reconstruction d’un monde brisé, tout en gardant un œil sur les fissures qui menacent de tout faire s’écrouler. Kirkman et son équipe prouvent une fois de plus que le véritable cœur de Walking Dead n’est pas dans les zombies, mais dans les vivants, et dans les choix impossibles qu’ils doivent faire. Une lecture aussi tendue qu’un piège à loups, où chaque victoire semble cacher une défaite en embuscade.

CinephageAiguise
8

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