Quelle déception !
On sent l'envie de bien faire des auteurs, on lit en filigrane qu'ils aimeraient offrir au personnage le plus attachant et mystérieux de leur série un dyptique à la hauteur des savoureux 10 tomes qui nous l'ont fait connaître. Malheureusement, le résultat ne m'a pas du tout convaincu.
Si le trait de Masbou parvient à faire vivre un Paris plus vrai que nature et propice à toutes les conspirations et faits de bravoures, l'angle qu'a pris Alain Ayroles est, me semble-t-il, plus que critiquable.
Aux côtés de Maupertuis et de Villabolos y Sangrin, Eusèbe est attachant par sa façon, parce qu'il est fidèle, d'embrasser l'aventure que ses 2 compères lui imposent alors qu'il n'est manifestement pas taillé pour. Derrière la candeur et la maladresse, il y a une sorte de beauté et d'honneur dans sa ténacité à ne pas décevoir ses compagnons dans les terribles périples qu'ils traversent.
Dans ce "Vingt mois avant", Ayroles inverse la situation : Eusèbe vient chercher l'aventure mais ne la trouve jamais. Il ne trouve que des mésaventures.
De fait, Eusèbe n'est plus la candeur qui se fait courageuse mais le volontarisme qui se fait refouler. Ayroles transforme son lapin en naïf incapable de résister et de comprendre les situations (toutes aussi inintéressantes les une que les autres d'ailleurs) qu'il subit sans jamais pouvoir rien y faire. Eusèbe n'est plus amusant dans ce tome, il est juste légèrement idiot et beaucoup moins charmant que lorsqu'il se faisait conquérant malgré lui.
J'ai donc eu mal au coeur pour Eusèbe de voir son auteur le prendre si peu au sérieux et ne lui réserver que cette suite poussive et insipide de petites infortunes.
Eusèbe méritait mieux.