Critique et extraits: http://wp.me/p5dAdU-2HZ
Les vacances appartiennent définitivement au passé, et vous en auriez bien repris? Vous n’avez pas eu totalement votre dose de soleil? Le fracas des vagues et, un peu plus tard, le repos de la mer sereine vous manquent? Même le sable dans le maillot, vous le regrettez? Alors, la solution est toute trouvée, les docteurs David Prudhomme et Pascal Rabaté vont vous soigner ça en un rien de temps en vous dressant le portrait sans faille de la plage, de ses habitants éphémères, de ses joies et, il faut bien le dire aussi, de ses peines. Oui, ils ont mis la France à nu ou en… bikini. Qu’on soit riche qu’on soit pauvre, face à la mer, en apparence, tout le monde est pareil, sans poche pour mettre les p’tits sous. Et vive la marée!
« On sent déjà la mer! » Oui, c’est cela, si on veut, mais pour le coup, ça sent plutôt l’essence. Dernière halte à la station essence pour la famille X à bord d’une toute petite voiture. L’occasion d’observer le père de la famille Y en mettre plein le réservoir de son gros 4X4. Pour 175€, tu parles, une bagatelle pour la famille X, une aiguille dans une botte de foin pour la famille Y qui aime André Rieu et gave les enfants de bonbons. Enfin, moteur puissant ou pas, ça ne changera rien, l’un comme l’autre, le passage à niveau les stoppera. Et à bord du train, c’est pareil, l’effervescence se fait plus que sentir. Mais pas sûr pour autant qu’ils arriveront au lieu béni des vacances avant cette décapotable jaune qui file. À bord, madame parfait déjà son bronzage. Et ainsi de suite, de personnages en personnages.
De série de cases en série de cases, c’est ainsi que David Prudhomme et Pascal Rabaté construisent ingénieusement leur récit, en passant d’un point de vue à l’autre au fil de leurs rencontres. Et après le voyage et l’installation, place aux aventures de sable et de mer. Du petit matin au retour au bercail, c’est toute une faune qui se prélasse, tente une incursion dans la mer, fait des concours de châteaux de sable ou se pose la question du bronzage existentiel: « Seins nus? Pas seins nus?« .
Bon, pas d’inconnu au bataillon: ici, vous êtes en famille. Pas de timidité mal placée, oui oui, entre les gros, les maigres, les « solariumisés » et les tout pâles qui tente de se cacher le temps de prendre des couleurs, vous connaissez tous ses plagistes vacanciers. Ils sont comme vous et moi. Il y a le gang des dragueurs. Les vieux promeneurs en mal de sensation et leurs chiens surexcités à l’idée de piquer une tête – ni vu, ni (con)nu – chez les voisins naturistes, histoire d’y trouver une seconde jeunesse.
Il y a ceux qui n’arrivent pas à décrocher de leur portable et font la différence entre Iphones et Smartphones comme on distingue les mouettes et les goélands. Mais il y a encore les boulistes, les gamins qui veulent tout acheter au Bazar pour le plus grand dam de leurs parents. Il y a la famille canard, enfin, puis ce couple qui passe ses dernières vacances avant la naissance. Il y a tous les autres, encore et encore.
Il y a ceux qui s’inventent des histoires, das auto-fictions sur la plage et d’autres dans des pages de BD. Rabaté et Prudhomme appartiennent à la deuxième catégorie avec tout autant d’imagination. Véritable galerie grandeur nature, à ciel ouvert et à marée montante, Vive la marée est une véritable encyclopédie de tous les comportements que vous trouverez à la plage, des plus sains aux drôles d’animaux qui, on le sent, avaient bien besoin de vacances.
Comme des recenseurs, les deux auteurs ont rassemblé tout ce petit monde pour ce livre dont chacun est le héros le temps d’une ou deux pages. Sans réelle intrigue mais avec un vrai défi: ne pas limiter l’ouvrage à une succession de gags mais bien lui donner du liant dans une comédie chorale que ne renierait pas Jean-Michel Ribes. C’est drôle, enlevé et ça joue de références et de métaphores. Voilà un livre pour lequel les marées devront s’y reprendre maints fois pour l’enlever de notre souvenir! Il marque comme un bronzage inégal autour d’une trace de string!