Riche en actions, en rebondissements, en running gags portés à merveille par Tournesol, mais aussi en gunfights, en crash d'avions et en volcans qui explosent. Nous sommes en 1968 et visiblement tout est permis, même l'innovation, même chez Tintin.

Au niveau de la construction et de l'écriture, la rupture opérée par Hergé est intéressante. Pour une fois, Tintin n'a pas de but, et le scénario aurait pu se dérouler tranquillement comme dans Les bijoux de la Castafiore. Il subit les évènements, toujours autant dans l'air du temps (cf. Le Point Historia et son article des détournements d'avions), et les vingt premières pages sont amusantes en laissant planer progressivement le suspens. Spalding a quelque chose de louche, on ne sait pas vraiment si Carreidas est méchant, on se doute qu'il va se passer quelque chose donc de ce point de vue-là, l'identification à Tintin est facile ; on découvre.

Pourtant je critiquerai la même chose que la majorité ; Extra-terrestre what da fuck, Indiana Jones, le dernier Astérix, La guerre des mondes, etc. Ce n'est pas tant la présence de cet E.T bizarre qui me dérange, c'est la manière dont il est amené. Je n'ai rien contre l'opus précédent, qui reprend la même construction, car justement, l'action est prosaïque est banale, il n'y a pas de méchants, l'album se termine comme il avait commencé. Mais dans Vol 714, pas de Moulinsart, pas de bijoux, mais un scénario plus proche du Temple du Soleil (Tintin y fait d'ailleurs directement référence en y comparant la lumière de la grotte) ou du Trésor de Rackham le Rouge, tous riches en action dans lesquels le héros a un but. Mais ici, il n'a pas de but, et le fait qu'il se laisse porter par des actions aussi rocambolesques ne passe pas.

Malgré la surdité de Tournesol, l'extravagance de Carreidas, la susceptibilité de l'éternel méchant, la débilité de ses sbires, la patte graphique, l'importance de Milou et les promesses anti-alcooliques (" J'arrête de boire pendant, allez, trois jours ") de Haddock, ce Vol 714 est comme les albums de Tintin que je n'apprécie pas ; pas assez Tintin.
Ashen
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le 3 sept. 2012

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