Voyage à Uroshima est une œuvre difficile à aborder. Elle adapte très librement le conte traditionnel japonnais Urashima Taro.
Un homme d'âge mur a un rêve érotique avec une jeune lycéenne en uniforme au beau milieu d'un train... Soudain l'homme se réveille et vois la jeune fille de son rêve descendre du train en oubliant son portable. Il descends du train pour le lui rendre et se retrouve à Uroshima, une ville n'apparaissant sur aucune carte. L'homme a la surprise de voir devant lui deux adultes en plein ébats sur le quai de la gare. A Uroshima, "les habitants baisent comme chiens et chats, jeunes et vieux, tout le temps, partout... pas plus compliqué qu'un bonjour" L'occasion rêver pour l'homme d'âge mur frustré d'assouvir ses fantasmes refoulés...
Yoji Fukuyama (le jour du loup) joue avec notre morale. L'histoire franchie allégrement les limites du bon goûts et Fukuyama ajoute juste assez d'humour pour alléger la lecture. Là où l'auteur est adroit est que son humour joue sur les dérives du héros et soutien la morale du récit. L'histoire tire plus vers le vulgaire et le pittoresque que vers l'érotisme ce qui accentue le flou et créer l'espace permettant au lecteur de réfléchir sur ce qui se passe. Ici, pas de voyeurisme mal placé, les personnages ressemblent plus à l'idée qu'on se fait d'animaux en train de copuler qu'autre chose.
Dommage que l'auteur n'ai pas poussé encore plus loin le concept en montrant un flou entre relation hétérosexuelle et homosexuelle...
Le temps s'écoule de manière accéléré à chaque fois que notre bonhomme a une aventure sexuelle. Les saisons défilent et l'homme sens que le contrecoup va être terrible. Il souhaite fuir pour revenir chez lui à Tokyo mais ses pulsions vont le rattraper en permanence. Prisonnier de ses pulsions et de ses fantasmes. Le rêve éveillé va continuer sans que l'homme ne sois réellement satisfait.
Le personnage principal se rends petit à petit compte qu'il tombe dans une spirale infernale et ne sais plus s'il se trouve au paradis ou en enfer. Son addiction relève de l'obstination quand il se met à n'avoir pour unique but que de courir après une jeune lycéenne.. Le récit prends donc la forme d'une fuite en avant ou le personnage poursuit son fantasme et va à la rencontre de sa peur de l'impuissance et du danger de la castration.
A force de rêver de la possibilité de réaliser ses fantasmes, notre homme se perds, ne sais plus se qui est réel ou non. Il accepte d'être de plus en plus immoral, violent, pervers pour finalement abandonner tout remords et s'abandonner.. se perdre.. L'histoire plonge de plus en plus vers le sordide et le malsain pour un final où le rêve deviens réalité.. Mais ce rêve ressemble plus à un abandon de tout se qui relève de la vie et de l'humanité. (belle mise en page où la dernière case montre la nuit qui monte et un bruit obsédant en arrière fonds)
Il est regrettable que l'auteur ne va pas au bout des choses avec une fin un peu trop abrupte. Dommage car les réflexions et la morales auraient pu être mieux dessinées avec une fin plus travaillée..
Le dessin est moins précis et détaillé que dans Le jour du loup mais reste très maîtrisé. Le trait, parfois flou amène l'idée de trouble du réel et de rêve éveillé.
La mise en page fourmille d'idée permettant au récit d'être très rythmé. Les répétitions sont voulues car elles démontrent des obsessions du personnage principal. Visuellement c'est une œuvre assez réussi.
Conte loufoque drôle dans son comique de situation et son rythme burlesque. Voyage à Uroshima est aussi un conte moral amenant beaucoup de questionnement et pointant de nombreux problèmes dans une société très normée ou la morale est trop souvent tue amenant malheureusement à des personnes comme l'homme présent dans ce voyage.... Une œuvre intéressante bien que déstabilisante à ne surtout pas lire au premier degrés.