Il y a quand même un problème avec les bandes dessinées : un album, ça coûte cher. Même si je l’emprunte, même si je le piratais, même si j’avais un budget illimité, je ne peux pas m’empêcher de me dire quinze balles pour ça ou vingt-cinq balles pour ça – dans certains cas, deux balles pour ça… C’est sans doute ce qui pousse des éditeurs à ajouter des bonus pas toujours indispensables, en se disant qu’ainsi, le lecteur estimera en avoir pour son argent. (C’est peut-être aussi ce qui empêche d’écrire des albums de huit cents pages.)
Prenez les cinquante et quelque planches de l’Étranger (1), par exemple. Elles constituent un bon début de récit. Assez dense en termes d’informations. Un peu lent, certes, mais il y a de très bons récits très lents. Pas de gaufrier, mais beaucoup de liberté dans la composition des planches, qui atténue cette lenteur en apportant du dynamisme. Rarement plus de trois cases par planche, histoire de trancher avec l’atmosphère oppressante du récit lui-même. Et puis l’irruption d’une couleur quelques cases avant la fin, pourquoi pas ? On pourrait se dire que ce rouge lance réellement l’intrigue.
Certes, le scénario pourrait être écrit par un collégien, mais en soi, aucun des choix esthétiques de l’Étranger ne paraît injustifié ou gratuit.
Sauf la longueur : on n’a qu’un début de récit. Un préambule. Si c’était un film, le générique commencerait à apparaître : c’est un album de bande dessinée, alors ça finit là.


(1) Soit dit en passant, qu’est-ce que c’est que ce titre ? C’est comme Guerre et Paix ou Orgueil et Préjugés, c’est déjà pris.

Alcofribas
5
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le 16 juil. 2021

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Alcofribas

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