Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

Nous vivons tous dans l'ombre de Doc Manhattan (et de Watchmen)

Quand j’avais lu pour la première fois Watchmen, il y a encore quelques mois, j’avais trouvé l’œuvre complexe et longue comme pas possible. Sans tout comprendre de ce que voulait dire Alan Moore, j’avais le sentiment que je tenais quelque chose de singulier entre mes mains, un truc de génie sans trop comprendre pourquoi. Fini, puis rendu à la bibliothèque, j’étais passé à autre chose.
Mais bizarrement, quand j’ai eu l’occasion de relire Watchmen (après avoir vu le film), j’ai pas compris ce que j’ai fait, je l’ai repris (alors que je l’avais fini deux mois plus tôt). Une fois relu, la claque ! Le choc ! J’avais entre temps pu lire nombre de critiques et me rendais compte qu’il y avait des choses que j’avais raté. Cette seconde lecture m’a permis de comprendre en quoi Watchmen est considéré comme étant le meilleur comics de tous les temps.
Voilà donc ce qu’est Watchmen, une œuvre complexe, déroutante, lente, mais fascinante. Moore imagine comment aurait pu finir la guerre froide si les super-héros (à la retraite) existaient. Autant le dire tout de suite, Watchmen est le comics de superhéros le moins super héroïque que j’ai pu lire. Aucun des protagonistes ne méritent le statut de « héros », tous simplement car ils sont humains (sauf Doc Manhattan).
Ce qui fascine le plus avec ce comics, c’est qu’il explore d’innombrables thèmes complètement distincts, toute en les connectant pour créer une intrigue d’une complexité démente mais foutrement intelligente. Moore s’improvise en psychologue, physicien, philosophe, visionnaire. Chaque personnage est étudié et utile au récit, chaque personnage a sa vision et ses buts. Avoir un rendu pareil avec de tels outils relève du génie !
Et puis il y a cette ambiance. Entre les commentaires démoralisateurs de Roarchach, la fascination de Doc Manhattan pour les choses physiques, la tristesse du Hiboux et du spectre Soyeux, l’intriguant Ozymandias, et la vision délirante et folle du Comédien, on alterne constamment les ambiances et les points de vue. Et pourtant, ça passe comme une lettre à la poste tant Moore maitrise sa narration comme un Dieu !
Watchmen est donc une œuvre à lire plusieurs fois pour comprendre tous ce qu’elle veut dire. Certes, les douze chapitres de vingt-huit pages (avec des documents longs entre deux chapitres) sont difficiles à lire. Et pourtant, ça ne m’a pas empêché de lire les six derniers chapitres en une journée (je sais pas comment j’ai fait). Je pense que si je relis encore ce bouquin d’ici un an, je serai définitivement fan. Je suis encore au stade de la fascination, peut-être qu’après, je serai définitivement dans l’adoration…

Créée

le 3 déc. 2016

Critique lue 227 fois

James-Betaman

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