Critique de Shaynning
Je ne sors vraiment pas convaincue de ce manga, qui semblait intéressant à croiser le monde culinaire et celui de l'homosexualité, mais il souffre de certains enjeux, je trouve. Bon déjà, comme...
Par
le 11 nov. 2024
Je ne sors vraiment pas convaincue de ce manga, qui semblait intéressant à croiser le monde culinaire et celui de l'homosexualité, mais il souffre de certains enjeux, je trouve.
Bon déjà, comme d'habitude, éditeur français, pouvez-vous désaturer un peu le monde manga de tous ces titres en anglais? C'est gênant tellement c'est épidémique, qu'il y en ait autant. Le français n'est "vendeur" ou êtes vous si peu fiers de votre langue?
Mon premier élément à relever est le côté stéréotypé de ce monde LGBT+. Certaines lectrices l'ont aussi noté, mais ramener le "copain hyper jaloux", c'est cliché sans borne et la scène traitant de "celui qui joue l'homme" était de trop. C'est très hétéro cette idée de genrer un couple, même gay et c'est peu réaliste. Et franchement impertinent.
Ensuite, la relation. Parle-t-on réellement d'une relation? Si la 4e de couverture ne laissait pas entendre qu'ils sont en couple, honnêtement, je ne l'aurais pas cru. Aucun geste de tendresse, pas de complicité palpable, des piques dérangeantes et parfois mesquines, je n'ai vu aucun moment où on pouvait deviner la tendresse, la complicité ou même la confiance. Non, on avait deux personnes unidimensionnels entre un qui est étiqueté "narcissique" par son auteur et l'autre "hyper jaloux". C'est une des relations les plus vides que j'ai vue à ce jour entre deux personnages qui forment un "vieux couple". Pas besoin de tomber dans le quétaine et la passion, de simples gestes et paroles dans le quotidien auraient suffit. Je pense que la seule fois où j'ai vu le personnage de Shiro sortir de son égocentrisme fut le moment où il a offert de cuisiner un plat préféré pour Kenji, qui se faisait du mouron pour une relation malsaine avec un autre gars. Ish. Et c'est arrivé très tard dans ce gros manga, pratiquement à la fin. Comme je suis particulièrement alerte et critique des relations, ça m'a sauter aux yeux et je trouve ça dommage. C'était l'occasion d'illustrer un duo qui est en relation depuis trois ans quand même, il y avait de la place pour montrer que les couples de longue durée ont quelque chose de "rodé" et de complice ( à moins d'être malsain ou vide). Ici, leur seule trait commun est la bouffe. C'est triste d'avoir si peu de projets communs, si peu d'interactions et si peu de joie d'être une équipe. Bref, j'ai eu l'impression de voir deux vieux coloc un peu "mononcle" et sans grande profondeur partager leur repas à défaut de savoir partager autre chose de plus intime.
J'ai bien les manga sur la bouffe d'ordinaire, comme "La maison des maïkos", "L'amour est au menu" ou même le diptyque "Old faschion cupcake" ( Un autre dont on aurait pu facilement traduire le titre), mais ce manga-ci était long, il y avait beaucoup trop d'étapes de cuisine, par moment, je me disais que le manga était un vrai livre de recette. Comme rien ne vient meubler le quotidien hormis les clichés sur les gays au travail et les cas de Shiro ( intéressants d'ailleurs), ce fut une lecture longue et répétitive.
Comme toujours, je salue la maitrise des mangakas pour rendre la bouffe appétissante sur papier en noir et blanc, quand même!
Je remarque aussi un élément assez récurrent pour être mentionné: La pression corporelle chez les hommes. Bon, qu'on en parle parce qu'ils sont gay est cliché en soi, ça n'a rien de strictement confiné à cette orientation sexuelle et tous les gays n'obsèdent pas sur le physique, merci stéréotypes débiles. Néanmoins, il est vrai, documentaires à l'appui, que la pression à être mince et entrant dans certaines normes de formes existe chez les japonais. Ici, on oriente autant sur la pression liée au travail que la pression par les pairs. Hélas, c'est resté de surface.
Donc, globalement, j'ai trouvé le tout fade, superficiel et cliché. Je pense que ce manga va très vite s’effacer de ma mémoire.
Pour un lectorat adulte ( Seinen).
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les flops de 2024 et BD et mangas: Anglicisation de la France
Créée
le 11 nov. 2024
Critique lue 2 fois
D'autres avis sur What Did You Eat Yesterday?, tome 1
Je ne sors vraiment pas convaincue de ce manga, qui semblait intéressant à croiser le monde culinaire et celui de l'homosexualité, mais il souffre de certains enjeux, je trouve. Bon déjà, comme...
Par
le 11 nov. 2024
Du même critique
Ce roman est CLASSÉ ADULTE, ce n'est pas un roman pour jeunes adultes, encore moins pour les ados et compte tenu de la présence de relation toxique, de violence sexuelle gratuite et d'objectivisation...
Par
le 29 mai 2020
5 j'aime
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
Par
le 23 oct. 2022
4 j'aime
Cette Bd, qui a un format de roman, donne le ton dès sa couverture: deux gars qui sont appelés à se rapprocher malgré des looks plutôt différents. Même les couleurs illustrent d'emblée la douceur de...
Par
le 25 févr. 2023
4 j'aime