Wolverine : Old Man Logan par toma Uberwenig

A quelques exceptions près, lorsqu'on a une mini-série tirée d'une grande série mainstream, le scénario tient plus d'un postulat de départ vite torché que du vrai scénar façon façon.

"Tiens, et si dans le futur c'était les méchants qui avaient gagné et ça serait bien glauque parce qu'ils domineraient le monde... (ouais, ça c'est bien)... Et tiens, même que la famille Hulk elle serait consanguine (ouah, bien, chuis en forme moi ce soir), et ce connard d'oeil de faucon serait aveugle (ha ha, ouais, bien fait pour sa tronche à ce minable) et euh..."

...etc.

Bref, je pourrais, si je voulais, écrire une de ces critiques amusantes et autosuffisantes qui s'amusent à casser un film, une BD, un bouquin (parfois même un jeu, j'ai pu le constater il y a peu) en exagérant le trait, généralement sur le mode du dialogue fictif ou du monologue interne (cf l'exemple ci-dessus).

Ben oui, ce serait facile ici, vu que le postulat de départ tiens sur la face arrière d'un string trop petit pour Kate Moss.
Seulement voilà, ce serait extrêmement malhonnête, et mal à propos, car ça voudrait dire passer à coté de la force de ce qui me semble être une des meilleures mini-série mettant en scène Wolverine (pour une fois que le 4eme de couverture ne ment pas en annonçant ce type de slogans).

Car derrière ce scénario bateau (futur apocalyptique, les méchants réalisent qu'ils sont 23 fois plus nombreux que les héros, et généralement plus forts (ben oui, les gentils se battent souvent à plusieurs contre un, alors forcément, quand la tendance s'inverse, ça fait mal, d'autant plus que les gentils, sauf exceptions notables, ne tuent pas (ou rarement) ), s'organisent et se partagent le monde...etc) se cache un drame, un vrai, cruel et poignant.
Une fois passée le ricanement malveillant après avoir vu Oeil-de-Faucon aveugle (qui partage avec Cyclope des X-men la palme du personnage le plus pathétiquement minable du monde Marvel (quelque chose à voir avec les yeux peut être, Daredevil ayant lui aussi eu son quota de ridicule avant que Frank Miller ne vienne remettre les choses en place), la déception face au postulat a priori facile d'un Wolverine qui refuse de sortir ses griffes, on rentre dans ce road trip désespéré qui s'installe de façon plus élégante qu'on ne l'attendait.
Je n'aime pas les mondes post apocalyptiques (d'où mon aversion pour le cyberpunk par exemple), mais cette dérive à travers un univers en miettes, ce jeu de cartographie situationniste m'a séduit.
Le monde est sombre, et vidé de toute trace d'espoir.
Le problème avec cette critique, c'est que je ne peux définitivement pas vous convaincre de la haute qualité de ce one shot sans vous en dire trop. (et du coup, un peu de minispoil suivent ici, donc soit crevez vous les yeux (ou arrêtez simplement votre lecture ici, au choix), soit allez vite lire cette BD et revenez (ou pas) après)
Sachez simplement que les raisons qui ont poussé Logan à rentrer les griffes sont épiques et d'une cruauté rarement égalée, mises en image via un flashback des plus efficaces, que les émotions sont au rendez-vous.
Et que jamais un "Snikt!" ne m'aura autant chamboulé.
Millar n'épargne personne, et m'évoque en ça certains coups de maître du cinéma populaire italien des 70's magnifiant le principe du "trop, c'est trop" timidement à l'oeuvre dans la série Un Justicier dans la Ville.
(et merde, faut que je m'arrête, sinon je vais lacher le morceau, j'en ai déjà trop dit, je...argh...non!)

Bref, clairement un indispensable, un vrai, qui redore un peu le blason solo du petit chouchou X-men de ceux de ma génération.