Critique numéro par numéro.
Wonder Woman Rebirth #1 [Juin]
Rucka commence à prendre en main la série et annonce un peu la couleur des prochains mois. Il profite de Rebirth pour remettre en cause tout ce que l'amazone semblait savoir sur son passé et il semblerait bien que le scénariste ait décidé de jeter tout le run d'Azzarello à la poubelle pour construire sa propre vision de Wonder Woman, que ce soit dans son origin-story, la façon qu'elle a d'utiliser ses pouvoirs où la façon dont les dieux sont décrits.
Sans doute pour ne pas en dire trop avant le vrai numéro 1 de la série, il y a une vraie inertie dans ce one-shot qui passe beaucoup de temps à énumérer les passés possibles de Wonder Woman, à poser des questions, plutôt qu'à commencer une vraie histoire. C'est un peu dommage puisqu'on termine le numéro en restant un peu sur sa faim (comme souvent avec les one-shots Rebirth, malheureusement). En outre, côté dessins, la majeure partie du numéro est illustré par Matthew Clark et, même si ça passe, ce n'est pas l'écrin que l'on voudrait pour le début de série d'une héroïne de la Trinité. Et Liam Sharp fait un boulot honnête, mais là aussi pas vraiment transcendant (il est surtout bien récupéré par la colo de Laura Martin).
Du coup encore un numéro Rebirth qui fait baisser la hype qu'on a sur le relaunch plutôt que de vraiment nous donner envie. Même si le numéro n'est pas mauvais non plus. [6]
Wonder Woman #1 [Juin]
Après un numéro Rebirth sympathique mais qui m'avait quand même pas mal déçu (notamment graphiquement), ce premier numéro de Wonder Woman a été une très bonne surprise. Alors, oui, il ne s'y passe toujours pas grand chose, puisqu'on a quand même 10 pages de Wonder Woman qui marche dans la jungle, mais y a quand même beaucoup de choses intéressantes à se mettre sous la dent.
Déjà il y a un ton que j'aime beaucoup. Rucka s'éloigne de quelque chose de trop super-héroïque pour raconter quelque chose de beaucoup plus réaliste. Terminé le Steve Trevor en armure du futur de l'ARGUS, il est ici fringué comme un véritable militaire et on le voit sur un théâtre d'opération en Afrique face à une situation tout à fait réaliste. Rucka en profite pour commencer à aborder des thématiques liés aux conflits africains, et ça je trouve ça franchement très prometteur. J'aime bien quand réalité et super-héroïsme se mélangent, quand les auteurs américains sortent un peu de chez eux pour voir ce qui se passe ailleurs et quand ils traitent des problèmes de notre temps. Et j'aime bien l'idée d'une série Wonder Woman peut-être un peu plus terre-à-terre. Quelque part, ce début de série me rappelle les premiers numéros du Thor de JMS et c'est vraiment agréable.
On sent une richesse dans le propos, un côté bien documenté, qui est très bien retranscrit par les dessins de Liam Sharp, bien plus à son aise sur ce numéro que sur les quelques pages du précédent. Ici, il livre pas mal de superbes pages, où son style réaliste et détaillé fait des merveilles. Il a en plus l'avantage d'être accompagné par l'excellente coloriste Laura Martin qui donne de très belles ambiances et de très belles lumières aux dessins de Sharp.
Concernant Wonder Woman elle-même, Rucka commence tranquillement son boulot de caractérisation de l'héroïne. On sent qu'il veut freiner un peu l'escalade guerrière qu'elle a connu ses dernières années et revenir à un personnage plus noble. Elle est forte (et ça se ressent dans son physique athlétique) mais n'a recours à la force qu'en dernier recours. Le traitement de la mythologie est intéressant également. Rucka semble vouloir l'internationaliser, prendre des éléments dans toutes les cultures et ne pas seulement rester dans les dieux grecs, mais il leur ajoute en outre une aura de mystère, qui leur offre une grandeur qui leur manquait peut-être chez Azzarello.
Enfin, on a un cliff de fin hyper efficace, avec encore une fois une excellente réinterprétation d'un personnage de l'univers de l'héroïne. Ça donne envie de lire la suite, et on sent que Rucka veut bâtir tout un monde autour de son héroïne, ce qui fait plaisir. Dommage que ça se fasse apparemment en détruisant tout ce que les précédents auteurs ont construit, mais c'est toutefois passionnant et j'ai hâte de voir les prochains numéros. [8]