World embryo
7.1
World embryo

BD de Moriyama (2007)

Tout commence par World Embryo

Je trouve qu'il est toujours de bon ton de commencer une critique par une petite anecdote sur comment j'ai découvert l'oeuvre en question : c'est ce qui rend la chose un peu plus humaine, et au final, tous ces petits faits font de nous ce que nous sommes.


World Embryo, c'est sacré pour moi. J'ai connu ce manga tout à fait par hasard en traînant à la Fnac lors de l'année 2006 (wow). J'étais à la recherche de quelque chose d'original, m'éloignant déjà de certains shōnens de l'époque bien trop populaires à mon goût (et encore aujourd'hui, d'ailleurs (wow ce non-conformiste)).


Qu'est-ce qui m'avait poussé à faire cet achat ? Eh bien, simplement le graphisme des couvertures des deux premiers tomes, le chara-design des personnages et le style m'avaient déjà séduit. Alors, certes, c'est mal de juger un livre par sa couverture, mais pour moi, le contenant compte tout autant que le contenu : car au final, aussi bien sur le fond que sur la forme, World Embryo est un chef d'oeuvre.


Mais d'abord, ce manga, c'est quoi? Classé comme un seinen, Wombry (petit surnom affectif donné par l'auteur) suit la vie de Riku Amami qui reçoit un message de sa belle-sœur décédée depuis déjà plusieurs années. C'est pas commun hein ?


Tout part de là : lui demandant de se retrouver près d'un hôpital abandonné, Riku découvre une autre facette de notre monde, qui rappelle beaucoup l'ambiance de Parasyte : en effet, des monstres (aux designs aussi ignobles et fascinants que celui d'un xenormorphe) infectent une partie de notre population par notre plus grand moyen de communication, à savoir, les téléphones portables (encore la faute de la société de consommation tout ça). Mais pourquoi les gens n'en parlent pas ?


C'est le génie de cette intrigue : une fois morte, une personne contaminée est effacée de tout souvenir de notre entourage. Notre monde n'est ainsi qu'une seule partie d'une pièce, sans jamais pouvoir soupçonner l'existence de la seconde face.


Ces parasites sont nommés des Kanshus, et une grosse partie de l'oeuvre va constituer à remonter jusqu'à la source de contamination : des monstres peuplent notre monde, il y a bien une raison, non ? Ou peut-être qu'au final, il n'y a pas tant de distinction entre un monstre et un humain, qui sait ?


Sans bien évidemment vous révéler le fin mot de cette histoire, qui comme Berserk, prend une toute autre tournure au fur et à mesure de son avancée (bon, y'a que 13 tomes, ça se lit quand même relativement vite), je vais me concentrer sur l'introduction (qui se fait sur les deux premiers tomes) et sur le trio principal.


Car même s'il y a beaucoup de seconds couteaux qui auraient mérité d'être un peu plus affûtés, les protagonistes mis en avant sont traités avec un soin minutieux, et en particulier le MC : Riku est un jeune adulte qui a perdu la personne la plus chère qu'il avait au monde (oui, sa belle-sœur, incroyable non ? J'ajouterai qu'il y a d'ailleurs une bonne introspection sur le fait d'aimer (avec un grand A) quelqu'un de sa famille, à tel point que la traduction française la nomme comme sa cousine... Faut croire que c'est plus commun ¯_(ツ)_/¯).


Il a ainsi traversé une grosse période de sa vie à devoir affronter ce traumatisme et les problèmes de l'adolescence, avec ces putains de lycéens/collégiens/bullies qui ont l'air d'avoir une grenade à la place du cœur, chose que l'on ne verra que par des flashbacks : on récupère un Riku qui a déjà surmonté ce combat, mais ne se sent désormais plus que comme une coquille vide, qui survit au lieu de vivre. D'ailleurs, plus qu'un héros, c'est un anti-héros qui n'hésite pas à mentir à tort et à travers pour se sentir de situations compliquées, non pas par malice, mais par ses expériences : à ne plus vouloir être traité de menteur, il a préféré s'entourer de mensonges.


Ce point de départ est important, car on comprend directement que le fait d'avoir un minimum d'espoir de retrouver sa belle-sœur/cousine décédée lui redonne une certaine flamme : qu'importe que ce soit impossible, cela a ravivé l'étincelle de vie en lui, lui permettant de se jeter au sein de cette histoire.


Mais bien évidemment, pas de résultat satisfaisant pour notre héros, qui au lieu de rencontrer Amane (sa jolie cousine/belle-sœur, goddammit), va faire face à sa première rencontre avec les Kanshus, mais également avec le deuxième point central de l'intrigue : Neene, une enfant sortie d'un cocon, qui ressemble étrangement à Amane.


Il fera également la connaissance d'agents de la N.E.R.V... Euh, pardon, du F.L.A.G, qui luttent contre le fléau des Kanshus grâce à des noyaux leur transmettant des capacités spéciales : des Jinkis. Comprenez par-là que ce sont des magical girls badass de seinen (Riku a quand même une épée tronçonneuse bordel de merde, et c'est sorti la même année que Gears of War, holy crap).


En plus de Neene (qui aura l'un des meilleurs développements de personnage que j'ai pu voir depuis un bon moment), Riku sera accompagné par une manipulatrice de jinki du FLAG, nommée Rena, à mi-chemin entre une tsundere et une dandere ( elle est surnommée "le glaçon", c'est dire). Elle lui servira d'abord de mentor et de guide au sein de ce nouveau monde qui lui est encore peu familier, avant de finalement se rendre compte qu'elle est tout autant perdue que lui. Ce trio m'a tiré plusieurs fois des larmes, tant leur relation se construit sur des bases chancelantes pour finalement se solidifier comme du béton, et à la toute fin, tout semble logique.


Voilà, toutes les pièces sont en place pour débuter l'intrigue : comme dit précédemment, les deux premiers tomes constituent une grosse introduction absolument géniale qui vous prend déjà aux tripes. Et finalement, ça continue ainsi jusqu'au tome 13 : on alterne avec tantôt beaucoup d'humour, des chorégraphies de combat mémorables, beaucoup d'émotions sublimées par le trait de Moriyama, des scènes de tranches de vie, des personnages et antagonistes attachants, des designs dantesques, de nombreuses révélations...


Bref, tout est parfait. Enfin, presque parfait. La conclusion est quelque peu rushée (un retournement qui se finit en un seul chapitre), mais vu tout ce que nous offre cette histoire, je lui pardonne sans problème, car World Embryo est bien la base, le prisme, le cocon de tout ce que j'aime dans une oeuvre.


Pour finir, je dirai qu'il est important de briser le voile d'obscurantisme qui empêche de se remémorer les expériences du passé, car c'est ainsi que la vie construit se vie : bâtie sur nos erreurs qui nous aident à avancer. C'est le quotidien irremplaçable de quelqu'un.

Mr-Crow
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 10 BD

Créée

le 16 oct. 2017

Critique lue 193 fois

Mr Crow

Écrit par

Critique lue 193 fois

D'autres avis sur World embryo

World embryo
Mr-Crow
9

Tout commence par World Embryo

Je trouve qu'il est toujours de bon ton de commencer une critique par une petite anecdote sur comment j'ai découvert l'oeuvre en question : c'est ce qui rend la chose un peu plus humaine, et au...

le 16 oct. 2017

Du même critique

Puella Magi Madoka Magica
Mr-Crow
8

Madoka m'a tuer

Je savais à quoi m'attendre pourtant, quand j'ai commencé le premier épisode. Je savais que ça commençait comme un magical girl typique, pour sombrer dans l'horreur psychologique... Mais... putain...

le 7 janv. 2015

6 j'aime

Pokémon, le film : Je te choisis !
Mr-Crow
7

Enfin un bon film depuis Lucario (no spoil)

Sérieusement, en voyant les trailers, je n'y croyais pas : cet énième film allait être encore un tas de clichés niais qu'on se tape depuis le film sur Célébi : on se concentre sur un duo de...

le 5 nov. 2017

5 j'aime

3

Sonic Forces
Mr-Crow
6

Sonic Forces, le poids de l'héritage (& Knuckles)

Et le voici, notre tout nouveau Sonic en 3D qui, comme à son habitude, va se faire un plaisir de diviser le fanbase du hérisson bleu. Alors, cocktail explosif ou pétard mouillé ? Soyons clairs tout...

le 11 nov. 2017

4 j'aime

1