X of Swords par arnonaud

Un an après l'incroyable House of X/Powers of X, un an après le renouveau des séries X-Men sous la direction de Jonathan Hickman, voici venu X Of Swords, le gros crossover massif entre toutes les séries mutantes du moment, s'étalant sur 23 chapitres (en comptant le prologue) dont certains oversized. Bref, c'est un gros morceau, et au moins les auteurs ont eu de la place pour raconter ce qu'ils voulaient. Peut-être même trop dirons certains.

Le gros point fort du crossover, c'est qu'il enrichit massivement le monde des mutants. Dès le prologue, Hickman revient sur quelque chose qu'il avait teasé dans Powers of X et dans X-Men et nous raconte tout le passé d'Arakko et son lien avec Apocalypse. Il ouvre la porte à toute une mythologie incroyable, riche de personnages à fort potentiel. C'est assez fou à découvrir. Et en plus de toute cette mythologie, l'event va être l'occasion de découvrir plus en détail Otherworld, le monde magique principalement vu dans la série Excalibur jusque là, et de découvrir les nombreuses factions qui la compose (et oui, on est chez Hickman). Bref, l'event ouvre énormément de portes pour de potentielles intrigues futures, et offre pas mal d'univers à explorer.

Et comme je l'ai un peu suggéré, l'autre gros point fort du crossover c'est tout le travail fait sur le personnage d'Apocalypse, qui est vraiment la star de cette histoire. Il y avait déjà eu des choses intéressantes faites sur lui durant l'année écoulant dans Excalibur et X-Men, mais là le perso gagne vraiment en profondeur. Il est totalement redéfini et il devient même attachant (!) tout en restant bien entendu très badass et charismatique quand il le faut. Le crossover développe tout un pan caché autour du personnage, autour de ses cavaliers originaux et c'est passionnant. Parmi les nouveaux persos liés à Apocalypse, Genesis (qui n'a pas de lien avec les précédents Genesis croisés dans l'univers Marvel) est absolument géniale. Elle a un design hyper réussie et elle est vraiment super intéressante et bien écrite.

Pour en revenir au crossover dans sa globalité, il a vraiment un excellent début et une excellente fin. C'est vraiment une réussite à ce niveau là, avec des chapitres absolument incroyables et jouissifs, dessinés par un Pepe Larraz au sommet, qui se surpasse totalement et qui nous ébloui par son talent à chaque page. Avec un Marte Gracia très en forme à la colo également. Et globalement, tous les chapitres écrits ou co-écrits par Hickman sont excellents et les grands temps fort de X of Swords. En fait, à eux seuls ils valent la lecture de cette histoire, et c'est vraiment ces chapitres qui font de X of Swords une bonne histoire digne d'intérêt.

Le reste est plus inégal. Globalement c'est sympathique, mais il y a des choix narratifs curieux et toutes les équipes créatives ne se valent pas. Pour résumer grossièrement et sans trop en dire, le crossover est structuré en deux parties : une première partie bien trop longue où il faut rassembler des épées mais qui est en réalité un prétexte pour développer les personnages, ce que les events/crossovers n'ont pas l'habitude de faire, donc c'est pas plus mal, et on a ensuite un tournoi où il ne faut vraiment pas s'attendre à un tournoi de baston de shonen parce que les auteurs et autrices de l'event ont décidé de prendre le contrepied des attentes des lecteurs et de partir dans une sorte d'hommage bizarre à l'esprit de la série Excalibur d'origine et notamment ce qu'elle a de plus loufoque, avant de revenir à quelque chose de beaucoup plus sérieux et épique pour la conclusion très réussie de l'histoire. En fait je pense que certains aspects de l'histoire seront plus satisfaisant à la relecture en sachant là où on met les pieds, là où certaines surprises et changement de tonalités assez radicaux peuvent vraiment décontenancer en première lecture.

Donc on a un prologue dans X-Men #12 hyper riche et excitant et ensuite le X-Of Swords Creation #1 qui est incroyable et de toute beauté. Vient alors X-Factor #4 qui introduit un élément majeur qui fait tout de suite monter les enjeux de l'event mais où la partie graphique de Carlos Gomez n'est pas vraiment au niveau. Après c'est Wolverine #6 et X-Force #13 qui marchent ensemble et où Percy et Bogdanovic ne font rien de transcendant, même si ça introduit un personnage qui devrait être important pour la série Wolverine à l'avenir. Marauders #13 n'est pas un chapitre essentiel à l'intrigue globale de X of Swords mais Vita Ayala qui le scénarise fait un boulot incroyable. C'est vraiment un très bon chapitre centré sur Storm et le Wakanda, et il était temps que la mutante ait un numéro centré sur elle de cette qualité.

Pour Hellions #5 (et #6 qui arrive bien plus tard), Zeb Wells part dans une intrigue parallèle qui aurait été dans un tie-in à part dans un event classique. C'est toutefois vraiment très bon (mais il faut dire que j'aime beaucoup la série Hellions de Zeb Wells, qui était une excellente surprise) et très drôle, très bien dessiné par Carnero et ces deux numéros chamboulent totalement l'équipe et je suis très curieux de voir ce qui va se passer dans la série Hellions après X of Swords.

On arrive ensuite à New Mutants #13, qui est le dernier chapitre de New Mutants écrit par Ed Brisson (Vita Ayala reprendra la série après le crossover) et qui est un focus touchant sur Cypher et Magik (qui font partie des protagonistes principaux de l'event). Cable #5 paraît un peu déconnecté du reste de l'intrigue, mais en fait met en place des éléments capitaux pour la résolution de l'intrigue (et le chapitre à beau être écrit par Duggan, ceux habitués aux récits de Hickman reconnaîtrons des effets qu'il utilise régulièrement dans ces récits. Comme dans Cable #6 d'ailleurs, où il y a une séquence qui fait écho à des scènes très similaires que Hickman a écrit par le passé, c'est assez amusant de voir Duggan rendre ainsi hommage à la narration de Jonathan Hickman). Excalibur #13 poursuit des fils narratifs lancés dans la série Excalibur, dont la lecture est vraiment recommandée pour bien comprendre ce crossover. C'est dessiné par le très bon R.B. Silva et c'est globalement un bon chapitre.

On a ensuite X-Men #13 qui enrichi encore une fois la mythologie autour d'Arakko. On arrive alors au milieu de l'event avec X of Swords Stasis #1 qui est dessiné par Pepe Larraz et Mahmud Asrar. On passe un excellent moment et on découvre plein de nouveaux personnages qui seront les adversaires de nos mutants pour la seconde moitié du crossover. Ces persos ont vraiment des designs hyper réussis imaginés par Peper Larraz, avec en plus la particularité d'incorporer plusieurs femmes noires dans leurs rangs, ce qui n'arrive pas tous les jours, notamment chez des vilains (même si ce ne sont pas totalement des vilains). Il y a vraiment plein de potentiel à exploiter à ces persos puisque pas mal d'entre eux reposent sur de très bons concepts. Ils n'auront pas tous énormément de temps pour briller durant l'event, mais globalement ils sont très intéressants et réussis. Ce n'est pas tous les jours qu'on a le droit à autant de nouveau perso d'un coup (une dizaine !) et en plus on sent que les scénaristes veulent en faire plus que de simples persos jetables qu'on ne reverra jamais ensuite (au moins pour certains d'entres eux en tout cas).

On attaque donc ensuite la seconde moitié. X-Men #14 est un peu une arnaque mais en même temps contient des infos très intéressantes et des passages très réussis. Marauders #14-15 permettent d'approfondir les nouveaux persos et, mine de rien, de montrer un peu le ton de la deuxième partie. Excalibur #14 est un numéro dans lequel on arrive avec beaucoup d'attente et qui part dans une direction totalement inattendue, partant dans le fameux hommage à l'esprit Excalibur dont je parlais plus tôt. Pourquoi pas, mais le lecteur ronge son frein pendant le longue collecte des épées en se disant "bon, la fiesta arrivera après" et en fait ça part totalement en cacahouètes. Wolverine #7 et X-Force #14 enfoncent le clou, et c'est accentué par le fait que Ben Percy n'est pas toujours un excellent scénariste, et durant ce crossover il n'est clairement pas à son meilleur niveau. Il y a de bonnes idées, mais honnêtement en lisant ces chapitres j'ai cru que X of Swords avait déraillé pour de bons et que le crossover n'allait pas retomber sur ses pattes. Globalement des chapitres plus frustrants qu'autre chose.

On a ensuite Hellions #6 dont j'ai parlé plus tôt, et Cable #6 qui redirige X of Swords sur le droit chemin. Et ensuite on a l'incroyable final X-Men #15, Excalibur #15, X of Swords Destruction #1 qui est tout bonnement incroyable. C'est ultra épique, Mahmud Asrar est très bon et le chapitre final dessiné par Larraz est fabuleux. Hickman et Howard bouleversent plein de chose dans l'équilibre des séries mutantes, rendant vraiment curieux pour la prochaine ère mutante (Reign of X). En outre, c'est une très bonne conclusion à l'intrigue globale, surtout autour des fils rouges concernant Apocalypse et Saturnyne.

Bref, event hyper inégal. Y a des fois où c'est excellent, des fois beaucoup moins, ça a sans doute été un peu trop étiré mais en même temps ça a permis de vraiment bien écrire les différents personnages, et il y a des chapitres qui ne s'appuient en rien sur les séries concernées (Marauders et X-Force en tête) et d'autres où il est chaudement recommandé d'avoir suivi les séries régulière pour mieux comprendre (en particulier Excalibur et Hellions). A priori ça devrait changer pas mal de choses pour les séries mutantes à l'avenir, il faudra toutefois voir ce qu'il en est dans les fait dans les semaines et mois à venir.

En tout cas, je pense que ça reste quand même une histoire sympathique, avec beaucoup de très bons dessinateurs dessus, et qui est vraiment incroyable pour le personnage d'Apocalypse et qui permet de découvrir pleins de nouveaux lieux et persos très chouettes. Le crossover ne plaira certainement pas à tout le monde, c'est pas la même réussite que House of X/Powers of X, et il risque de mieux marcher en grosse lecture d'un coup que si vous l'avez suivi de manière feuilletonnante. Mais vraiment, l'avantage par rapport à pleins d'events qui se cassent la gueule en cours de route et se terminent mollement, c'est que là au moins ça se termine de manière hyper satisfaisante.