Un must read

Quelle tristesse de constater qu'une oeuvre aussi culte n'a eu droit qu'à une courte critique... Je n'avais pas prévu d'en rédiger une mais je vais bricoler quelques paragraphes, en espérant vous donner envie de lire le manga.

Yona, c'est avant tout une héroïne débordant de charme et de charisme, une princesse naïve ayant grandi dans le luxe et le confort et dont l'existence va basculer du jour au lendemain. Elle assiste en effet à l'assassinat de son père, le roi, par l'ami d'enfance dont elle est amoureuse. C'est le début d'une longue fuite et d'une vie clandestine où la jeune femme va parcourir le monde, découvrir la dure réalité des gens ordinaires et apprendre l'indépendance.

La gamine superficielle, pleurnicharde et capricieuse du premier tome fait peu à peu place à une jeune femme intelligente et courageuse, dotée d'un grand coeur et de convictions fortes. Yona est une protagoniste que l'on prend plaisir à voir évoluer tout au long de l'aventure.

Elle est entourée de personnages au développement peut-être moins marqué mais qui forment un groupe à la dynamique intéressante. Chaque membre joue un rôle particulier et il y a de subtiles différences dans la manière dont chacun exprime son dévouement envers Yona. Les premiers tomes laissent entrevoir la possibilité d'un harem mais ne vous y trompez pas, la bande s'apparente davantage à une famille soudée autour de Yona.

À propos de harem, le manga verse bel et bien dans la romance, je ne vais pas entrer dans les détails afin de ne pas spoiler donc je dirai simplement que cet aspect est secondaire mais loin d'être anecdotique, et l'évolution très progressive des sentiments de Yona est parfaitement retranscrite et tout aussi touchante. En gros ceux qui n'aiment pas la romance ne devraient pas avoir de problème avec ça, mais ceux qui y sont sensibles devraient être satisfaits du traitement qui lui est accordé.

Le coeur du manga reste la politique sous ses différents aspects, et l'autrice Mizuho Kusanagi a l'intelligence de ne pas céder au manichéisme. Yona a bien son lot d'élites corrompues -ce qui est loin d'être irréaliste- mais dans l'ensemble, on y croise surtout des leaders aux convictions différentes, tentant d'agir pour le bien de leur peuple, ou des personnages qui se sont simplement égarés, traumatisés par les conflits passés et aveuglés par la haine qui en a découlé. Yona elle-même va devoir apprendre à faire des compromis et à nuancer ses positions. Malgré tout le manga demeure très optimiste et satisfaisant à lire, on a le sentiment que tout finira par s'arranger.

Yona compte aujourd'hui 39 tomes mais ne m'a pas paru long car, bien que quelques situations se répètent (les persos se font souvent enlever par exemple...), le manga se renouvelle régulièrement ou du moins alterne les sujets. On a des arcs dédiés aux problèmes de la population, d'autres adoptant le point de vue des dirigeants, d'autres encore mettant en scène des affrontements militaires, parfois on explore davantage l'aspect fantasy du manga, parfois c'est la romance qui prime. Il y a des flashbacks, des arcs centrés sur d'autres personnages etc, bref tout ça s'équilibre bien.

À ce propos, je tiens à dire que les 2 premiers tomes ne sont pas forcément représentatifs de l'oeuvre dans son ensemble. Ils ne sont pas mauvais mais les forces du manga n'y sont pas encore bien visibles : Yona est encore immature, les persos qui l'accompagneront ne sont pas encore introduits (à part Hak) et la complexité morale évoquée plus haut ne se révèle que peu à peu. Personnellement c'est à partir du tome 3 que j'ai pleinement accroché au manga.

Pour finir, les dessins sont très réussis, l'autrice apporte beaucoup de soin au design de ses personnages, c'est détaillé mais jamais surchargé, la mise en scène et le découpage sont efficaces et les planches marquantes ne manquent pas.