"Qu'est-ce qui me plaît tant dans cette oeuvre ?" Voilà une question à laquelle j'ai souvent du mal à répondre. Je dois reconnaître que je n'y réfléchis pas toujours non plus, mais cette fois j'ai pris le temps de la faire car Yotsubato a quelque chose de plus que les autres, et je devais découvrir quoi.
Avant d'évoquer ce "quoi", revenons sur quelques qualités évidentes de Yotsubato. Le manga est porté par son héroïne, une fillette de 5 ans qui aborde avec enthousiasme chaque événement. Elle est à un âge où tout est nouveau et excitant, et l'auteur a su retranscrire ce mélange de curiosité, d'insouciance et parfois de peur que peut ressentir une petite fille de cet âge face à la nouveauté. Yotsuba est un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Derrière le smiley qui lui sert de visage se cache une enfant assez crédible, qui imite le comportement et la façon de parler des adultes, qui peut se montrer égoïste voire blessante car elle ne réalise pas la portée de ses actes/paroles, à qu'il arrive de mentir lorsqu'elle a peur de se faire gronder... Mais Yotsuba, c'est avant tout l'innocence de l'enfance, et une bonne humeur qu'elle transmet aux autres personnages comme au lecteur.
Contrairement à beaucoup de mangas et animes qui abusent du moe, c'est le naturel de Yotsuba qui rend l'oeuvre aussi mignonne. Par exemple, je ne peux pas m'empêcher de sourire quand je vois la fillette débarquer sans prévenir dans la cuisine d'un restaurant pour observer la préparation des udon, et poser des questions au cuisinier en toute décontraction. Je pense qu'on rêve tous de faire preuve d'une telle nonchalance au quotidien, d'agir comme bon nous semble sans se soucier des conséquences. Au travers de ce personnage, l'auteur promeut également une vision simple de la vie, il nous invite à profiter de ses petits plaisirs comme un enfant le ferait. Le reste du casting, tout à fait sympathique, finit d'ailleurs par accompagner Yotsuba dans la plupart de ses délires. Bref, Yotsubato c'est drôle, c'est léger, c'est mignon... Mais pas que.
Yotsubato, c'est avant tout une narration maîtrisée de bout en bout. Le découpage est simple mais ultra-efficace, alternant entre de larges cases pour les moments contemplatifs et des lignes de 2-3 cases pour les scènes plus vivantes, avec parfois de brèves actions étalées sur 3 cases en moyenne pour créer un effet de ralenti amplifiant le comique d'une situation. Exemple :
https://i.imgur.com/J6cjc9i.png
Cette gestion du rythme est selon moi l'un des gros points forts de Yotsubato. C'est en tout cas la première fois que je remarque l'importance du découpage dans un manga et rien que pour ça, Yotsubato mérite son 10, car il a changé le regard que je porte au média. En outre, la composition des cases est réussie (j'aime beaucoup cette planche : https://imgur.com/hVLxyIt.jpg ) et le dessin en lui-même très propre, avec notamment de magnifiques décors urbains et des visages aux traits simples mais ô combien expressifs.
Bref, Yotsubato fait tout simplement un sans-faute, sur le fond comme sur la forme, et j'avais à coeur d'insister sur les qualités graphiques de l'oeuvre, que j'estime en bonne partie responsable de sa popularité.