Zaï zaï zaï zaï
8.1
Zaï zaï zaï zaï

BD franco-belge de Fabrice Caro (Fabcaro) (2015)

"Zaï zaï zaï zaï", oui c'est bien ces mots étranges qui font partie d'un refrain qui eu du succès en son temps, sans doute un peu oublié maintenant, chanté avec entrain par Joe Dassin et qui l'obligeait à aller "Siffler sur la colline". Dire que cette onomatopée ait un grand rapport avec l'histoire que nous conte Fabcaro serait mentir (quoique...). Par contre, une chose est sûre, c'est que l'on tient là un des albums les plus étonnants, les plus aboutis et les plus intéressants de cette rentrée.
Il va m'être extrêmement difficile de raconter quoique ce soit de ce road movie, non pas parce que la difficulté est grande mais uniquement parce qu'il m'est impossible de déflorer le moindre rebondissement, le plaisir du futur lecteur en serait gâché. Pour faire court et appâter le chaland disons que ça débute dans un super-marché, temple de la consommation contemporaine. Nous , sommes à une caisse banale et les achats se montent à 37,50 €. L'hôtesse derrière son tapis roulant et son scanner demande, comme l'enseigne le lui oblige, si le client possède une carte de fidélité. Le héros (car ce sera un héros) fouille dans sa poche et ne trouve pas cet instrument de fidélisation (et de surconsommation). C'est bête, elle est restée dans son autre pantalon qui a filé au sale. La caissière se raidit soudain face à ce bonhomme qui enfreint une des règles principales du consommateur. Elle se voit obligée d'appeler un vigile qui demande au contrevenant de le suivre dans un endroit à l'abri des regards, ce crime anti-libéral pouvant faire tache d'huile.
Ce que je vous raconte là ce sont les deux premières planches. Vous l'aurez compris, cette histoire va dérouler juqu'au bout son fil absolument délirant mais rendu totalement passionnant. Sous des dehors tragi-comiques, Fabcaro va dresser un portrait impitoyable de la France d'aujourd'hui, gavée de médias, d'infos creuses, une France livrée corps et âmes aux sirènes d'un monde préfabriqué et au langage vide de sens et de valeurs. A coup de petites scénettes qui peuvent faire parfois penser aux "Frustrés" de Claire Brétécher par l'acuité sociologique de l'auteur, le récit avance sans jamais rien lâcher et conduit cette histoire aux apparences absurdes vers une réflexion politico-philosophique sur notre société.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2015/10/zai-zai-zai-zai-oui-cest-bien-ces-mots.html

pilyen
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 oct. 2015

Critique lue 1K fois

8 j'aime

2 commentaires

pilyen

Écrit par

Critique lue 1K fois

8
2

D'autres avis sur Zaï zaï zaï zaï

Zaï zaï zaï zaï
RunningJack
9

Coupé décalé

En voila une BD qu'elle est drôle. Avec un point de départ totalement absurde, Fabcaro parvient à aborder de façon décalée des sujets aussi divers que les amalgames, le repli sécuritaire,...

le 11 juin 2018

21 j'aime

Zaï zaï zaï zaï
Gritchh
8

Culte

J'ai bien aimé Mars ! (dessiné par l'excellent Fabrice Erre) et surtout les trois tomes d'Amour, Passion & CX diesel (dessinés par le non moins excellent James), dans lesquels Fabcaro met en...

le 5 août 2015

18 j'aime

Zaï zaï zaï zaï
belzaran
8

Une cavale d'un nouveau genre...

Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprécier autant ses livres d’autodérision que ses strips ou encore ses ouvrages expérimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulé...

le 18 nov. 2015

17 j'aime

Du même critique

Habibi
pilyen
4

Bibi n'a pas aimé

Il y a des jours où j'ai honte, honte d'être incapable d'apprécier ce qui est considéré comme un chef d'oeuvre par le commun des mortels. A commencer par mon libraire spécialisé BD qui m'a remis...

le 1 janv. 2012

35 j'aime

7

Grand Central
pilyen
3

Grand navet

J'ai vu le chef d'oeuvre de la semaine selon les critiques. Hé bien, ils se sont trompés, c'est un navet et un beau ! Cette fois-ci, ils ont poussé le bouchon tellement loin qu'ils risquent d'être...

le 29 août 2013

27 j'aime

18

Les Fantômes d'Ismaël
pilyen
3

Parlez-vous le Desplechin ?

Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le...

le 18 mai 2017

24 j'aime

1