The Dead are alive.



Voilà la phrase qui apparait à l’écran juste après le gunbarrel de retour au début du film. The Dead are alive, rien de plus normal lorsque l’on voit que le spectre des figures emblématiques de l’ère Craig plane sur ce nouveau film. Vesper, Silva, Quantum et bien sûr M.


Pour la 4ème fois, Craig endosse le costume de l’agent britannique. Mendes, quant à lui, rempile derrière la caméra, après son très réussi Skyfall, plus sombre et marquant une nouvelle étape dans l’histoire 007. Dire que j’attendais impatiemment Spectre est un euphémisme, les premiers extraits, le retour de Quantum et du Spectre, une continuité avec Skyfall, tout ça me faisait penser à Spectre comme une sorte d’aboutissement du Bond de Craig. Tous les chemins tracés dans Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall devaient mener à Spectre.


Spectre est-il donc cet aboutissement, cette synthèse de l’ère Craig ?


Oui et non. Comme dit plus haut, l’un des gros point fort de ce film est l’incorporation de nombreux éléments des précédents films de Craig, et cela dès le générique (qui est par ailleurs plutôt réussi, et la chanson de Sam Smith passe bien mieux accompagnée des images de Kleinman) où l’on retrouve les visages de Sylva, Vesper, le Chiffre et la M de Dame Judi Dench (qui est d’ailleurs celle qui donne la mission à Bond). On pourra noter que le film s’amuse à plusieurs reprises à complètement snober Quantum of Solace comme s’il fallait définitivement snober ce film (même si Greene est nommé à quelques moments). Le film renoue également avec l’exploration du passé de Bond comme Mendes l’avait déjà entrepris dans Skyfall, de son trauma d’enfance et de comment il a en partie pu le surmonter. La relation de Bond vis-à-vis de l’amour, Vesper projetant son ombre à plusieurs moments avec plus ou moins de subtilités. Cela dit, on pourra remettre en question certains choix assez faciles ou pas très cohérents comme le fait d’incorporer Silva à l’organisation Spectre (alors que son grief était clairement personnel) mais l’ambition de tout regrouper pour former la première véritable unité autour des films d’un même acteur depuis Sean Connery (même si Goldfinger marquait une sorte d’entracte dans la grosse intrigue du Spectre).


Mais ce n’est pas seulement le spectre des films de Craig qui plane sur ce 24ème volet de la saga, mais celui des anciens Bond, celui de Connery, celui de Moore, des Bonds classiques. Car en effet loin du côté très psychologique de Skyfall, Spectre renoue clairement avec un schéma plus classique et les éléments qui ont fait la légende bondienne : scènes d’actions spectaculaires, James Bond Girl qui finit (enfin) avec Bond, poursuite en voiture, petites piques avec M et Q, homme de main colossal, repaire de méchant gigantesque, l’organisation du Spectre bien sûr et globalement bien plus d’humour qui donne un ton plus léger au film.


Tout cela pourrait apparaitre comme un point faible, notamment vis-à-vis des personnes qui ont trouvé un vent de fraicheur dans une saga peut-être un peu poussiéreuse depuis l’arrivée de Craig. Mais cela n’est pas le cas, car Mendes et son équipe, ont fourni un très bon boulot, et même si le scénario s’avère être au final le point faible du film (renouant bien avec les anciens Bond qui étaient loin d’être reconnus pour leur scénar), et le film est solide tout le long de ses 2h30 et on ne voit pas l’ennui poindre le bout de son nez.


Il faut dire que Mendes frappe fort, après nous avoir remis le mythique Gunbarrel au début du film, il nous propose certainement l’une des séquences les plus époustouflantes de toute la saga, et une scène d’introduction qui fout une belle claque. Tournée lors de la fête des morts à Mexico, l’intro commence avec un plan séquence de 5 minutes comme on en a jamais vu dans la série, suivant Bond d’une parade costumée jusqu’au toit de son hôtel. Scène d’introduction qui se poursuivra avec une séquence spectaculaire à bord d’un hélicoptère. Les scènes d’action sont globalement très solides, même si je dois avouer que la séquence de poursuite dans Rome dont j’attendais beaucoup m’a un peu déçu (on ressent un peu le manque de gadgets même si les petites séquences d’humour font la plupart du temps mouche). L’autre grande scène d’action qui m’a marqué est la scène de baston avec Batista dans le train, rappelant très fortement la confrontation soit avec Grant dans Bons Baisers de Russie, soit celle avec Requin dans L’espion qui m’aimait. Une séquence brute dont la majeure partie se fait sans musique avec juste le bruit du train et de la vaisselle cassée par Bond et son opposant (j’ai espéré pendant toute la séquence qu’on ne vienne pas y coller une partition de Newman, malheureusement mon souhait n’a pas été exaucé sur la fin).


Revenons au Spectre, qui donne quand même son nom au film, l’organisation mythique de la saga, celle qui a marqué les premiers films et les méchants au cinéma (combien de fois le personnage de Blofeld a été parodié ?). On va pas se mentir, depuis l’annonce du reboot de la saga, on attendait tous le retour du Spectre et après des troubles juridiques, la bande à Blofeld est de retour dans l’univers Bondien. L’organisation toujours aussi tentaculaire qui arrive à se retrouver partout, même à diner avec ta famille. Car oui son leader, Franz Oberhauser est comme la plupart des gens l’avait déjà deviné comme un frère pour Bond (le père de Oberhauser ayant élevé James après le décès de ses parents). Bonne ou mauvaise idée, je ne sais pas trop, surtout qu’au final cela est trop peu développé et consiste plutôt dans la volonté des scénaristes de creuser le passé de Bond. Un Spectre mené donc par Oberhauser, mais comprenant de nombreux autres visages, outre ceux rencontrés dans les films précédents (on retrouvera avec plaisir Mr White dont j’avais peur qu’il le laisse en suspens après le bide de Quantum), on y retrouve le membre du Spectre qui se fait dégommer par Bond dans la scène d’intro (classique), le membre du Spectre qui se fait dégommer par un autre membre du Spectre (classique), le tueur à la solde du Spectre (classique), la réunion du Spectre avec des membres de plein de nationalités différentes (classique). Manquait juste la femme fatale. Tout ce people au service d’un plan Orwellien un peu bancal, on va pas se le cacher, avec toujours un peu de motivation personnelle envers Bond.


Oberhauser campé par le génial Christoph Waltz popularisé par son rôle de nazi sadique dans Inglorious Basterds. J’avais accueilli cette nouvelle avec beaucoup d’excitation, j’en ressors plutôt satisfait mais je crois que je m’attendais à plus. Oberhauser manque de folie, et est au final assez peu menaçant. Celui qui m’a fait grande impression au contraire, c’est Batista, ultra charismatique dans son rôle de henchman herculéen digne descendant muet d’Oddjob et Requin, rien que son introduction impose le respect et fait partie des meilleures intro de méchants de toute la saga. Et cette séquence de baston avec Craig m’a fait vraiment fait beaucoup d’effet. Autre personnage pas très sympathique, c’est celui campé par Andrew Scott, le fameux Moriarty. Max Denbigh bureaucrate surnommé « C » par tout le MI6 est l’antagoniste de M tout le long du film, dont le but est d’éradiquer le programme 00 et de passer les services secrets dans le « modern age » et je dois dire que Scott joue vraiment très bien le « cocky little bastard » comme le désigne M. Ralph Fiennes nouveau M qui doit succéder à la grande Judi Dench s’en sort lui aussi très bien, surtout que son temps d’écran est très important, tout comme les autres membres du MI6. Notamment Q (Tanner et Moneypenny restant un peu plus en retrait), dont on retrouve les superbes joutes avec James Bond. Ben Wishaw est une nouvelle fois très convaincant dans son rôle de geek un peu coincé.


Passons aux girls, ou ladies comme le dit Belucci, même si elle ne va pas nous faire chier, vu son temps de présence qui est comme on pouvait se le douter : ridicule. La vraie Bond Girl du film est Léa Seydoux, et bien que l’actrice est loin d’être la personnalité préférée des français, elle fait du bon boulot et nous sort un personnage de Bond Girl très solide. Madeleine Swann (nom très Proustien n’est-ce pas, comme pour montrer que Spectre regroupe tout ce qui a fait aimer la saga à ses fans, notre petite madeleine de Proust) est un personnage fort, intelligent, et très loin de la gourde de service. Sa relation avec Bond est assez développée et renoue un peu avec l’ambition de celle avec Vesper et ça fait plutôt plaisir. Et puis pour une fois que Craig finit avec la meuf à la fin, on va pas bouder notre plaisir.


Quant à Daniel, ben on le savait déjà depuis Skyfall, le mec EST James Bond, charismatique, physique et classieux, il nous livre une nouvelle fois une grosse performance et donne de sa personne. Et putain c’est un chic type en vrai, super dévoué et je dis pas ça parce qu’il a signé mon dvd de Skyfall hein. Par contre mec, faudrait que t’apprennes à faire des selfies parce que c’est pas possible là.
Selfie flou avec Daniel Craig et une fan belge qui n'est pas Gloomy


En dernier, on va s’attarder un peu sur le côté plus technique du film. Et comme dit plus haut, Mendes fait une fois de plus des merveilles, le film est rythmé, les 2h30 qui peuvent paraitre éprouvantes sur le papier passent comme une lettre à la poste. La réal se permet comme dans Skyfall des choses rarement vu dans la saga (Le fameux plan séquence d’intro en est l’exemple le plus frappant). Hoyte van Hoytema succède à Deakins à la photographie, mais Spectre rivalise avec son aîné sur ce point, et de nombreux plans sont absolument magnifiques que ça soit les nocturnes de Rome, les étendues désertiques marocaines ou la neige immaculé d’Autriche. Le film est une nouvelle fois visuellement magnifique. Un point noir pour moi, c’est la musique de Newman qui ne ressort rien de très marquant et c’est bien dommage.


Spectre est donc un très bon cru, plus classique que Casino Royale et Skyfall mais bon c’est ce qu’on demandait et c’est fait avec brio. De toute façon je vais aller le voir encore 2-3 fois et je reviendrais certainement étoffer mon avis avec les visionnages.


Pour conclure, j’aimerais me livrer à un petit exercice amusant : trouver pour chaque film de la saga (hors ceux de Craig) une scène de Spectre qui m’y fait penser.



  • Dr No : la scène de l’appartement de Bond

  • Bons Baisers de Russie : les séquences entre Bond et Seydoux so
    60s dans le train

  • Goldfinger : la DB5

  • Opération Tonnerre : la réunion du Spectre à Rome

  • On ne vit que deux fois : la base dans un cratère

  • Au service secret de sa majesté : la clinique dans la montagne

  • Les diamants sont éternels : /

  • Vivre et laisser mourir : le déguisement de Bond, très Baron Samedi

  • L’homme au pistolet d’or : le côté maison truqué du MI6

  • L’espion qui m’aimait : la baston avec Hinx dans le train

  • Moonraker : le mot unique prononcé par Hinx

  • Rien que pour vos yeux : les séquences humoristiques de la
    poursuite en voiture

  • Octopussy : /

  • Dangereusement votre : /

  • Tuer n’est pas jouer : la poursuite en Autriche

  • Permis de Tuer : Q qui se retrouve sur le terrain

  • Goldeneye : /

  • Demain ne meurt jamais : le perso de Bellucci m’a fait beaucoup
    pensé à celui de Hatcher

  • Le Monde ne suffit pas : les séquences sur la tamise avec le MI6
    détruit

  • Meurs un autre jour : /

Bondmax

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