S'il y a une chose qui m'interpelle à chaque fois que je vois des films de héros en chair et en os (mettons à part les super héros pour mon propos) c'est la résistance des acteurs qui les incarnent au temps qui passe. Les Tom Cruise, Will Smith, Daniel Craig et consorts nous reviennent tous les trois ans dans la peau des personnages qu'on leur connait, avec cette impression que le temps glisse sur eux là où il nous inflige son implacable écoulement.
Dans ce deuxième volet de la saga James Bond qu'il réalise, Sam Mendes poursuit l'entreprise de déconstruction entamé dans Skyfall (départ/mort de personnages clé, mise en évidence des faiblesse de 007). Avec Spectre, c'est Chronos et Thanatos qui s'invitent au menu.
Dès les premières minutes, on perçoit plus qu'on ne le voit, que Craig a pris - lui aussi - quelques années. Il virevolte toujours autant, le corps répond présent mais insensiblement lui aussi semble rendre les armes face au temps qui passe. Et de se demander : quand, à son tour, laissera-t-il la place à son successeur ? Et de guetter également les signes du temps sur le visage d'une reine de beauté également vieillissante, Monica Bellucci presqu'ici à contre emploi.
Cette question de l'épreuve du temps est également au cœur de l'histoire, dans une suite logique de Skyfall.
Ainsi, Bond, lors de son briefing avec M. est d'abord mis en doute quant à ses capacités avant que Q ne lui signifie que le dernier modèle d'Aston Martin a été attribué à un autre agent, plus jeune. Au tiers du film, Bond, toujours avare de formule lâche un "Tempus fugit" qui fait écho à cette nostalgie d'une époque révolue. Celle où il était encore respecté ? Quant au "méchant", il a pour caractéristique d'avoir jalonné la vie de 007 de ses plus féroces adversaires et par conséquent de ses deuils les plus douloureux. Christoph Waltz qui incarne ce maitre du temps convoque ainsi tous les fantômes du passé dans une scène où 007 doit faire face à un compte à rebours particulièrement redoutable. Toujours ce temps qui fuit.
Les deux scènes qui ouvrent et clôturent le film renvoient également à cette problématique. L'ouverture se fait sur un magnifique plan séquence en pleine fête des morts à Mexico où Bond, semble se jouer du temps qui passe en exécutant dans un timing parfait la mission qu'il s'était secrètement donnée.
Quant à la scène finale, elle voit notre héros se réconcilier avec le passé en "empruntant" sa vieille Aston Martin retapée et comme neuve.
Un film qui présente des faiblesses évidentes - de rythme, de scénario - mais qui n'est pas et de loin le moins intéressant des épisodes de la série.
Scénario/histoire : 7/10 (+ au début - moins bien dans la dernière partie)
Personnages/interprétation : 7/10
Mise en scène/réalisation : 8/10
7.5 / 10