Les records croulent sous "SPECTRE"

Le vingt-quatrième volet de la saga James Bond, sobrement baptisé "SPECTRE", est arrivé.
Il fait suite au très bon "SKYFALL" dont le succès monstre aux box offices mondiaux de 2012 l'avait poussé à devenir le James Bond le plus lucratif de tous les temps.
La réalisation du film à, quant à elle, de nouveau été confiée à Sam Mendes qui, après "SKYFALL", semblait vouloir mettre sur pied quelque chose de réellement imposant.

Et c'est chose faite, car avec "SPECTRE", il accouche d'un budget de production pharaonique de 300 Millions d'euros; d'un plan séquence rassemblant plus de 1500 figurants et du record Mondial de la plus grosse explosion de l'histoire du cinéma. À cela on pourrait rajouter son récent record du meilleur démarrage pour un film en France, avec ses 900 000 spectateurs, dès ses premières projections en salles.
Un carton plein donc... Oui, mais qu'en est il du Spectre ?

Eh bien, c'est le nom donné à l'organisation criminelle derrière tous les malheurs de James qui, pour sauver le monde de sa domination, devra jouer dans l'ombre avec quelques uns de ces amis.
Il se verra donc aidé de "Q", toujours interprété par Ben Whishaw - qui jouait le personnage de Robert dans le merveilleux "CLOUD ATLAS" des Wachowski - et d'Eve interprétée par Naomie Harris.
Daniel Craig endosse alors pour la quatrième fois le costume du célèbre espion Britannique et se voit charger d'une nouvelle mission périlleuse ... Sortir de l'ombre de "SKYFALL".

Car bien que "SPECTRE" soit bon, il souffre fortement de cette comparaison.
Lorsque "SKYFALL" cherchait à rendre un visage humain à un espion affaiblit face à une menace grandissante. Il prenait le temps de s'arrêter sur ses erreurs passées, mais aussi sur son enfance ainsi que sur ses craintes. Cela permettait au film d'affirmer le fait que James Bond ne soit pas immortel. Il vieillit, mais ne doit pas se laisser abattre.
"SPECTRE", lui, ne se contente que de jouer sur de l'artificiel, n'en démontre que son scénario grandement prévisible et sa manie à toujours vouloir en faire plus.

Arrêtons nous sur les points qui me semblent être positifs.
Daniel Craig, comme à son habitude, joue très bien, il est accompagné d'une des deux James Bond Girls du film, Léa Seydoux, qui elle aussi m'a semblé maîtriser son rôle. Dave Bautista - qui jouait le destructeur dans "Les Gardiens de la Galaxy" - incarne Mr.Hinx et est, d'après moi, un élément solide du film en plus d'être un excellent adversaire pour Mr.Bond.
La musique fait quant à elle partie intégrante du métrage.
Par exemple, lors de la scène d'exposition - qui est un plan séquence spectaculaire utilisé pour nous plonger littéralement au cœur de la Fête des Morts du Mexique - elle impose son rythme et grâce à l'utilisation de percussions, arrive à lui insuffler un ton fort et puissant.
- En revanche, j'ai remarqué qu'elle pouvait être un peu trop mise en avant par moment. Elle prenait alors le pas sur les images montrées et ne laissait pas de place au suspense... -

Par contre, là où "SPECTRE" déçoit vraiment c'est face aux attentes suscités par cette fameuse organisation criminelle.
Elle a un projet machiavélique d'envergure mondial, mais il ne convainc pas. Il n'a rien d'impressionnant et ce n'est sûrement pas le Grand méchant collé derrière toute cette histoire qui sauvera l'ensemble. Car il faut le reconnaître, c'est un méchant raté.
Il n'a rien d'actuel et ne parvient à aucun moment à surpasser sa propre image. Il se contente de parler de faits passés, sans réellement agir et ne parvient donc pas à mettre James bond en réelle difficulté.

Mais il n'est pas le seul personnage raté du film ! Venons-en au cas Monica Bellucci. Elle qui apparaît, puis disparaît. Tout simplement.
Le tout après avoir été étonnamment bien présenté et mise en avant comme étant un personnage potentiellement important pour l'intrigue du film. On développe une histoire autour d'elle puis, comme par magie, elle disparaît.
Néanmoins, il a un élément positif dans ces deux cas, leur scène d'introduction.

Je retiendrai alors la scène de l'organisation Spectre à Rome, qui introduit par des jeux d'ombres et de lumières vraiment réussis, le grand méchant. Mais également la scène de l'enterrement qui, sous une images aux tons froids tirant vers un bleu grisé presque métallique, introduit le personnage de Monica Bellucci.

On ne peut, au final, que voir en "SPECTRE" un bon film qui déçoit de par ses ambitions ratées - En partie à cause du faite qu'elles reposent toutes sur son méchant qui, rappelons le, est à l'image de son organisation... Un spectre qui n'a rien de consistant. - et son scénario bien trop classique.
En dépit de cela, il nous offre des combats aux corps à corps très efficaces - en hélicoptère ou en train, c'est au choix - , des courses poursuites réussies - en montagne ou à Rôme - et un générique d'ouverture que j'aime beaucoup. -"Writing's on the wall" // Sam Smith. -