Le spectre de l'actualité

[Encore une fois, à vos risques et périls si vous ne l'avez pas encore vu, spoilers à la pelle ! ]

Au dernier moment, une sortie cinéma s'est imposée.... Le nouveau James Bond venait de sortir il y a peu et avec les dernières (et dramatiques) actualités, ce n'était pas franchement une priorité... D'ailleurs, parlons-en de l'actualité, avec un thème récurrent depuis peu : celui des données, de la traçabilité (non, pas de la viande, quoique) et bien évidemment, de l'usage fait en matière de sécurité ou à d'autres fins bien moins acceptables.
Avant d'embrayer sur ce sujet, le film débute sur une mission se déroulant lors de la Fête des Morts (coucou cours de civilisations hispanophones) au Mexique... En gros, le genre de fête qui a l'air aussi amusante et axée défunts qu'Halloween~ Bref, passons, notre James éclate un immeuble, fait une joyeuse virée en hélicoptère ponctuée de coups de poing et de loopings à faire pâlir plus d'un inconditionnel des sports extrêmes et terrifier toute personne sujette aux vertiges.

Quant au générique, même s'il était bien réalisé, je trouve qu'il y avait comme une sorte de léger décalage avec la chanson étrangement... Tandis que Skyfall avait une ouverture incroyablement forte, puissante, intense, qui prenait autant aux tripes que la chanson interprétée par Adèle (découverte à l'époque sur RTL2) celle-ci ne provoque pas le même effet... Pourtant, le morceau "Writing's on the walls", de par sa délicatesse et la fabuleuse voix douce, fragile et émotive de Sam Smith a de quoi exprimer une palette riche en émotions, et elle m'a touchée autant que Skyfall. De plus, le choix d'user cette voix-là traduit bien la sensibilité et les blessures éprouvées par 007. Cependant, le générique avait une réalisation plutôt bonne, avec deux moments en particulier qui eux, étaient bien pensés et soignés : les portraits des différents ennemis de James Bond, ainsi que celui de la pauvre Vesper Lynd tragiquement disparue à la fin de Casino Royale, et puis la pieuvre de Spectre, qui étale ses sombres tentacules sur le monde. Après, une énième réprimande et mise à pied à l'attention de 007, on apprend l'existence de C, qui aurait pu être C comme carriériste, et l'on assiste à sa rencontre avec James, sous les yeux d'un M sous pression. Un petit cirage de chaussures express bien mielleux et hypocrite, avant d'indiquer son rôle, coordinateur des services de sécurité. Encore une fois, le programme 00 est considéré comme obsolète, et à cela, s'ajoute la volonté de C de vouloir "C"entraliser les données de neuf pays, dont le Royaume-Uni. Et c'est à partir de cet instant que le sujet de la surveillance entre en scène avec une volonté d'"assurer la sécurité"... D'où le système du smart blood, un "sang intelligent" qui serait encore plus efficace qu'une puce classique, aussitôt implanté pour garder un oeil sur Bond, qui doit se contenter d'une simple montre...Mais néanmoins, qui n'en reste pas là et sort des clous pour achever sa mission officieuse. En parallèle, Moneypenny donne un coup de pouce discret à son espion préféré, et tous deux visionnent l'une des dernières volontés de l'ancienne M, reçue par la poste, donnant une mission d'outre-tombe. Celle que James a voulu honorer en se rendant à Mexico. Ensuite, vient le passage en Italie où l'on retrouve la somptueuse Monica Bellucci en veuve éplorée qui révèle quelques informations bien précieuses. Puis, la bonne blague de "je suis Mickey Mouse", un coup de bague magique et hop ! Voilà James au milieu d'une réunion de méchants qui encore une fois, veulent dominer le moooooooonde. Autre chose que j'ai bien apprécié, une bonne course-poursuite à travers Rome et les abords du Vatican, qui rappellent de bons souvenirs estivaux...

La tension reste palpable tout au long du film avec ses rebondissements, les failles de chacun, et les effets spéciaux, ô effets spéciaux.... Dérangeants tant ils sont bien réalisés.... Notamment la scène où le colosse nous fait une version 2.0 de la fin du mythe d'Oedipe sur un malheureux membre de l'organisation. La tension, elle, intervient avec un mystère surgi du passé de 007, la parole donnée à un ennemi mourant de veiller sur sa fille, un C qui cherche à imposer sa loi par tous les moyens, Q réchappant à des assaillants, le MMI-6 une fois de plus sur la sellette, des secrets bien douloureux, un possible éveil amoureux dans l'après-Lynd avec la fille du-dit mourant, un méchant en mode "coucou hibou"... S'ajoute aussi la recherche de l'Américain avec Madeleine (Léa Seydoux), rebutée par le passé de son père...

Et bien sûr, le sujet sensible de ce qu'il advient des données recueillies. En prétextant les utiliser pour des besoins de sécurité, C les détourne pour le compte de SPECTRE, permettant ainsi à Obenhauser et consorts de pister James et d'anticiper ses moindres faits et gestes, à l'instar des vidéos et des autres détails du MI-6, livrés eux aussi sur un plateau. Ce passage pose ainsi le dilemme de la sécurité face aux libertés individuelles, et de l'usage qu'on peut en tirer, à bon ou mauvais escient.

Je me demande d'ailleurs quel méchant et quelles scènes entre Skyfall et Spectre sont les plus impressionnants et les plus durs/traumatisants. Sur le ring, rappelons-nous Raoul Silva et un certain sens de la famille, la mâchoire ravagée par une capsule de cyanure, et d'un autre côté, un méchant Obenhauzer / "Blofeld" très "taquin" reprenant le nom d'un ancien ennemi et peu porté sur le partage de l'amour filial, qui s'amuse à percer la tête de James comme une noix de coco après lui avoir brisé le cœur en supprimant les personnes importantes de sa vie. En tout cas, un pur sadisme des deux côtés et des passages où j'ai brièvement détourné la tête. §Aussi, chose étrange je l'avoue, avec la fameuse "alarme" je m'attendais à un genre de choc sonique qui éclaterait vitres, verres et machines... Au final, une explosion classique.
Enfin, un bouquet final avec la "James Bond team" mettant un terme à la mégalomanie de C et à son projet, via l'ingéniosité de Q, un duel entre l'informateur de SPECTRE et un M déterminé, ainsi qu'un James Bond sauvant in extremis le nouvel amour de sa vie et décidant de ne pas user de son permis de tuer pour livrer Blofeld à la justice. Petit clin d’œil à l'Aston Martin réparée qui emmène les deux tourtereaux au loin~

En quelques mots : un film nerveux, plus actif dans la seconde partie même si le rythme est relativement égal, plus axé sur le côté psychologique, les voitures ne sont pas trop amphibies et encore moins dans le Tibre, l'amûûûr toujours l'amûûûûûr, un méchant trop-trop méchant et un 8/10.

[J'éditerai probablement cette critique car j'ai dû oublier ou mal dire certaines choses et il se fait tard x_x"' ]