Maniant le blockbuster américain avec aisance et oeuvrant pour un certain esthétisme, Sam Mendes son réalisateur est toutefois tombé dans quelques abysses qui en font un film nuançable qui peut mener à certaines déceptions.
C'est avec un séquence d'ouverture de grande qualité que Spectre débute, par le biais d'un plan séquence (plan long sans coupure) où la caméra suit James Bond à travers son premier acte. Une entrée en matière qui pourrait préfigurer un film détonant et explosif. La séquence suivante est aussi bien réalisée, représentant le survol d'une place par un hélicoptère, sorte de chorégraphie préfigurant un générique esthétique et plutôt artistique. James Bond fait aussi parti de ces films qui se distinguent des autres films hollywoodiens par l'intérêt qu'ils portent à l'image, sa composition, sa symétrie, ses grands angles, ses effets de silhouettes... Plutôt bien orchestré, le film rend par tous les moyens James Bond supérieur face à ce qui l'entoure, et face à sa mission, anéantir le Spectre. La vertu de Spectre est aussi de ne montrer ni le sang ni le sexe (alors que ce n'est pas les moments qui manquent, avec un personnage tel que Bond...)
Toutefois, le film se perd au fur-et-à-mesure du film, perdant de sa superbe (il est difficile en effet d'être à la hauteur d'un plan comme celui qui débute le long-métrage) et se réduisant à des moments « classiques » à certains moments, avec des explosions clichés, une bataille dans un train (la scène que l'on retrouve dans moult autres films du même genre), des dialogues filmés en champ-contre-champ très classiquement et un manichéisme très prononcé. Le film s'égare aussi à une mise en avant de la violence, trop présente dans les films modernes, qui le transforme en un film qui suit les règles du blockbuster hollywoodien, hors de l'esprit et proche du divertissement. Le dernier reproche que l'on pourrait faire à ce film est son manque de suspens : on sait dès le début que le héros réussira sa mission et qu'il ne mourra pas ; ainsi toutes les séquences où l'on essaye de le tuer n'ont aucun effet sur le spectateur qui sait déjà que James Bond ne va pas mourir car il est invincible. Le héros est trop net, trop propre, contrairement au méchant joué avec talent par Chritopher Waltz qui restera méchant jusqu'à la fin.
Mais Spectre se termine avec humour avec un coup de théâtre gracieux que, vous vous en doutez, je ne vous délivrerais pas dans cette critique ! C'est donc au final un film plutôt mitigé entre esthétisme des images, manichéisme exacerbé, belle orchestration des actions et manque de suspens... Un film qui reste toutefois dans l'esprit des autres longs métrages de la saga à notre plus grand plaisir !