SPECTRE: Société Pour l'Espionnage, Contre-Espionnage, Rétorsion et Extorsion
La société ennemi numéro 1 de l'agent 007, véritable fantôme du crime et pieuvre aux multiples facettes et champs d'activités. Avec à sa tête l'un des plus grands antagoniste de la littérature et du cinéma: Ernst Stavro Blofeld. Ennemi juré d'un des plus grands personnages de la littérature et du cinéma: James Bond 007 du MI6.
007 Spectre (ou SPECTRE comme je préfère l'appeler) ou James Bond 24, était le second film le plus attendu de cette fin d'année 2015 (vous savez très bien qui est le premier). Et l'attente fut énorme (je vous raconte pas toute l'organisation qui a été fait dans mon cinéma le jour de la sortie alors que c'est un trou paumé).
Et il y avait de quoi faire attendre. Daniel Craig revenant dans le rôle titre, l'oscarisé Sam Mendes toujours à la réalisation après avoir fait le meilleur James Bond de tous (Skyfall), un budget de 300 millions de dollars (rien que ça ?), la présence de Christoph Waltz en méchant (ça fait baver hein ?) et cerise sur le gâteau l'organisation ultime de l'oeuvre de Ian Fleming: l'Organisation criminelle SPECTRE.
N'ayant vu Skyfall que très récemment...le même jour pour ainsi dire...désolé. Et n'ayant vu aucun vieux James Bond (j'ai quand même des connaissances, je suis pas un neophyte de James Bond pour autant), j'attendais néanmoins ce volet qui promettait d'être palpitant. Et je ne fut pas déçu. Mais autant le dire tout de suite, Skyfall était meilleur. J'ai pris autant de plaisir à regarder SPECTRE que Skyfall mais il y a trop d'éléments à prendre en compte pour que je le considère comme égal.
A part Skyfall et SPECTRE (j'aime ce titre), je n'ai vu aucun film de Sam Mendes, mais on sent clairement une patte quand on voit la mise-en-scène. Ainsi de ce qui fait de SPECTRE l'un des meilleurs James Bond. Et à la coutume de cette nouvelle saga James Bond commencé avec Casino Royale, il s'amuse avec les codes Bondiens et en donnant une fraîcheur à la saga en lui donnant un aspect canonique. Casino Royale a commencé avec la première mission de Bond et son premier amour ainsi que son éclosion en tant qu'agent et d'hommes torturé. Quantum of Solace...NON je ne parlerai pas de ce volet, oubliez-le il n'existe pas, c'est une daube point barre (d'ailleurs SPECTRE met le plus de distance possible avec ce volet, quelque chose de très bien). Skyfall mettait la barre au maximum en exploitant encore plus profondément Bond, en mettant en place son ancien foyer et en faisant disparaître un personnage que nous avons mis 10 ans à apprécier. Et SPECTRE tente de le faire, il y a du bon et du mauvais dans ses intentions malheureusement.
En effet, car SPECTRE fait plus office du spectre du film que le public voulait plutôt que ce film en question, car il a déçus beaucoup de monde et franchement je les comprend.
En terme de personnages et d'acteurs. On a le retour du plus Bondien des James Bond: Daniel Craig. Et il l'interprète avec toujours autant de classe. Rien à redire, c'est son naturel Bondien qui fait ça.
Léa Seydoux incarne la doctoresse Madeleine Swann, fille d'un ancien ennemi de Bond. Elle est bien mis dans le décor et en plus c'est une fierté nationale pour nous (après Eva Green, je me dis que Bond a un faible pour les Françaises). Par-contre, elle est le véhicule d'un des gros défauts du film qui m'empêche de le classer supérieur à Skyfall. J'y reviendrai.
Il y a Max Denbigh, ou C comme on le surnomme. Incarné par Moriarty de Sherlock: Andrew Scott. Son rôle est présent mais un peu trop laissé de côté pour pouvoir juger.
Ralph Fiennes, le cool et ténébreux Ralph Fiennes. Il incarne le nouveau M (si vous lisez cette critique, vous auriez dû regarder Skyfall d'abord, vous étiez prévenu). Et ça doit être dur d'incarner un personnage que des millions de fans ont mis au piédestal Judi Dench pendant 10 ans. Mais il incarne un bon chef du MI6, même si Judi Dench reste la plus mémorable. Mais je vais pas m'en plaindre.
Christoph Waltz incarne le big, le king, le boss, le big boss, la némésis, l'ennemi juré de James Bond: Blofe...Franz Oberhauser ! Euh...non attend...Blofeld (je reviendrai sur ce point qui est pour moi une gaffe qu'il fallait pas faire). Incarné par le délicieusement machiavélique Christoph Waltz, qui joue peut-être un peu trop le même rôle à la suite mais il fallait vite qu'il incarne un méchant de James Bond avant que son jeu ne soit trop similaire à d'autre et qu'il devienne son propre cliché comme Johnny Depp ou Morgan Freeman.
Voir Christoph Waltz en méchant de James Bond devait être le gros fantasme ultime de tous fans qui se respecte tellement il a l'habitude d'incarner des méchants de cette trempe. Il joue correct mais c'est tout. En effet, j'ai trop l'impression que tout ce que Christoph Waltz avait à montrer il l'a malheureusement déjà montré dans Inglourious Basterds et Django Unchained. Je ne suis pas tellement déçu par son jeu dans SPECTRE mais il ne donne pas de quoi le démarquer de ses autres rôles, j'ai l'impression de voir un Christoph Waltz minimum. J'aurais éventuellement pu trouver plus de crédits si il avait été plus présent dans le film mais sa présence n'est pas assez répartie sur la longueur du film. Surtout qu'il joue trop terre-à-terre. Dommage.
Et puis son nom...depuis Casino Royale, on a toujours eu des méchants de James Bond originaux, Le Chiffre était l'exception. On avait Greene dans Quantum of Sol...NON ! Lui aussi il était pourri en fait. Mais on avait l'excellent Da Silva dans Skyfall. Mais là... ça partait très bien au début. Je lisais Franz Oberhauser, j'étais très content. Il joue bien le chef de SPECTRE mais il n'y a pas besoin de reprendre Blofeld, parfait pour continuer dans la lignée des méchants originaux. Christoph Waltz lui-même rigolait quand on lui demandait "Vous êtes Blofeld ? Vous êtes Blofeld ?" (comme si il y avait besoin de poser la question). Et j'aimais le parti-prix que prenait Mendes pour ce méchant, juste des fringues un peu similaires mais pas copié-collé (en plus Christoph Waltz quoi). Et le nom Franz Oberhauser faisait plus intimidant que Ernst Blofeld (c'est mes goûts). Tout laissait penser que le méchant incarné par Waltz remplacerai Blofeld dans le panthéon des grands méchants pour avoir un méchant original (on peut rêver non ?).
Mais pendant le troisième tiers du film...on vire son nom Franz Oberhauser auquel on s'était habitué pour dire "Je m'appelle Ernst Stavro Blofeld". Évidemment ça ne choque pas car tout le monde connaît ce nom. Mais...ça ne sert à rien ! Il aurait pu continuer à s'appeler Oberhauser que ça serait pareil. C'est typiquement le truc fan-service inutile ajouté uniquement pour faire plaisir aux fans de James Bond. Quand on a entendu "Oberhauser en chef de SPECTRE", on s'attendait au nouveau Blofeld...mais pas à Blofeld lui-même.
Monica Belucci...est là. Elle sert juste de coup de plus pour James Bond. C'est dingue, tout laissait penser qu'elle serait importante dans l'histoire mais elle sert qu'à un moment du film. Mais d'un côté on exploite enfin le côté "appât à femmes" de James Bond dans ce film, du coup je valide (et puis elle est belle à regarder à voir Bond la dénuder, hein ? Admettez-le, hein ?) ^^
Il y a le gros bras Hinx incarné par Dave Bautista. Bon choix. Le gars est imposant, badass, et la scène de baston dans le train est vraiment bien foutue.
Ensuite on a Ben Wishaw qui incarne Q, rien à dire. J'aime bien ce personnage. Et il a l'occasion de faire un brin d'humour très bienvenu. Et au moins, il n'est pas mi de côté par la suite. Il est présent tout du long.
Ensuite Naomi Harris qui incarne très bien la nouvelle Moneypenny. Ce que je trouve bien avec les personnages iconiques de la saga qui sont remis dans Skyfall, c'est que maintenant que Sam Mendes a fait table rase, il peut les exploiter comme il faut et au maximum. Q et Moneypenny sont toujours aussi cool. Car ils sont présentés comme des personnages consistants et utiles pendant tout le film contrairement à leurs homologues bazardés dès le début dans les autres films.
Niveau musique, on a le génial Thomas Newman. Et pas du tout déçu. Je dirai même que je suis comblé. La musique est très présente et en plus ça donne de la bonne tension. Et les scènes sont suffisamment longues pour les mettre en valeur. Génial.
Et pour l'introduction, Writing on the Wall (bonne signification dans le film d'ailleurs). C'est très bien foutu. C'est du même niveau de qualité que Skyfall. Bien foutu.
Et en ce qui concerne la réalisation, ce Sam Mendes n'a pas volé son Oscar il y a des années. On a une réalisation digne de James Bond. Rien que le plan-séquence (mon pêché mignon) du début au Mexique était extra et minutieux. On entre directement dans l'ambiance grâce à ça. Et on a droit à un style visuel plus soigné, plus cadré que dans Skyfall. Sam Mendes joue très bien avec le cadrage et les angles de vue pour donner un visuel très attirant. Et il se permet quelques petits délires comme les impacts de balles qui forment le logo du film, ou les très nombreux clins-d’œil aux précédents films.
Mais il se permet aussi des petits délires tout simple. De tous les James Bond de la période Craig, jamais l'humour n'avait été aussi soutenu. Dans les précédents films, l'humour paraissait involontaire tellement il était subtil, car c'était dans des dialogues (comme le premier dialogue entre Q et Bond). Là, on a de l'humour mis comme de l'humour, mais sans pour autant enlever le sérieux mais juste à l'effleurer
(le gag du vieil homme dans sa Fiat, le "merde" de Hinx, la voiture plein de gadgets mais que Bond n'arrive pas à utiliser, ou même Bond qui tombe sur un canapé).
Bon, bien sûr c'est selon les goûts car on peut reprocher à ces gags de ne pas être fidèle aux autres films qui avaient un sérieux très significatif.
Un point qui mérite d'être relevé, le budget astronomique. 250 millions de dollars (je crois avoir lu 300 millions à un moment mais ce serait de la science-fiction...pas vrai ?). Et bien le budget on les sent passés. Sam Mendes se permet des trucs de dingue. Rien que le panorama pendant la Dia de Muertos, les scènes d'actions, les voitures et ces angles de vue qui caresse la rétine devaient pas être gratuites.
Cependant, SPECTRE souffre de certains défauts, notamment scénaristique que de rythme. C'est d'ailleurs je pense la raison du surprenant nombre de notes mitigés (mais pas ingrate) sur le film.
Déjà, le rythme du film, pendant 1h30, c'est au poil. Rien à redire, c'est du bon James Bond.
Mais quand on arrive à la partie au Maroc, j'avais plus l'impression de regarder un James Bond. C'est assez délicat à expliquer mais le film tente de prendre le récit comme du drame mais le drame est trop téléphoné par moment.
Notamment la romance avec Madeleine qui est juste...trop rapide au point d'être idiot. Sam Mendes avait réussis à s'affranchir de cette tradition avec Skyfall, mais pour SPECTRE, il ne pouvait malheureusement pas y couper. Et malheureusement ce point fut bâclé, une des choses qui alourdis le film avec des longueurs, la romance entre James et Madeleine. Rien que la durée de leur relation, le fait qu'ils couchent ensemble sur le coup de l'excitation et de l'adrénaline du moment je peux comprendre. Mais le "Je t'aime James" non ! ça passe pas, c'est trop cliché. Leur relation a été vraiment trop courte pour aller jusqu'à la romance pur et dur. Parce que son "Je t'aime" était ultra intime. On dirait que Mendes a tellement voulu appuyé la fin apothéose de James Bond qu'il a bâclé la romance parce qu'il n'avait plus le temps. Alors que cette relation avec Madeleine ne dépassait pas un niveau habituel des autres relations dans les autres films James Bond où on voit une James Bond Girl qui n'apparaît pas dans le film suivant. Oui parce que, la fin de SPECTRE montre bien qu'il va finir avec elle (soyez pas étonné si Léa Seydoux n'apparaît pas dans le prochain James Bond de Craig).
La meilleure relation restera celle avec Vesper Lynd dans Casino Royale, elle était construite, basée sur le caractère opposée des deux personnages.
Je parle de la romance mais pendant toute la partie au Maroc c'était comme ça. On dirait que Sam Mendes devait avoir carte blanche et qui se laisse emporter dans son délire au point de délaisser ce que devrait être le film à la base.
Mais il y a aussi, des scènes où la logique où...plutôt la crédibilité qui est laissé de côté:
Comme Hinx qui se trouve dans le train et qui attaque James sortit de nulle part. Et puis après la baston, comment James et Madeleine peuvent-ils coucher ensemble ?! Il y a eu plein de témoins, il y a eu des coups de feu, le train ne s'est pas arrêté et il n'y a pas de flics ?
Ou le fait que la base de SPECTRE au Maroc avec leur leader à l'intérieur soit gardé que par une simple dizaine de gardes armées ?
Et il y a aussi le moment où Oberhauser transperce Bond avec des sondes censées affecter ses sens et sa capacité à reconnaître les gens. Finalement, ça ne fait rien par la suite.
Et qu'est-ce que ce filet faisait dans les locaux du MI6 ?
Et j'aimerais une explication sur comment analyser une bague peut donner le lien entre tous les méchants de la saga.
Il y a aussi le moment où Oberhauser (ou Blofeld) dit qu'il a été la source "de tous ses malheurs" à James Bond. Ok, si tu le dis... Mais le problème avec ça, c'est que son "omniprésence" n'a pas été confirmé ni même appuyé. Comme faire un montage de scènes des précédents films, ça fait un peu cliché mais c'était le minimum. D'autant que c'est une des choses qui fait que Oberhauser est moins présent en tant que méchant. Et au passage, était-ce nécessaire de dire que Da Silva dans Skyfall bossait pour SPECTRE ? Son but et ses motivations dans Skyfall était suffisante en tant que méchant individuel.
Et il y a d'autres moments où on apprend que C travaille pour SPECTRE. On apprend ça de manière anecdotique (alors que ça fait partie de leur plan), il n'y a pas eu de scène pour "colmater" le lien entre lui et l'organisation.
Et pour finir, le fait que Oberhauser ai connu Bond dans leur adolescence. C'est...cliché. Dans Casino Royale ou même dans Skyfall, Bond s'est retrouvé dans la mission par hasard, mais si SPECTRE tirait les ficelles depuis le début, alors Bond a retrouvé Oberhauser sous le coup du...destin ? C'est trop hasardeux pour être vraiment crédible. Le passé commun de Bond et d'Oberhauser est trop superflus et avoir une réelle utilité sauf pour augmenter la tensio entre les deux. Ce qui n'est pas très utile en soi.
Tout ça au final, fait que SPECTRE n'a pas de scénario vraiment meilleur après la génialitude de Skyfall. Le rythme est laissé à l'abandon pendant la partie au Maroc pour se réveiller complètement dans la dernière demi-heure.
Mais malgré ça, le visuel est très bien traité, je ne compte pas le nombre de scène où chaque plan était bien que ce soit avec le jeu d'ombre (surtout pour la scène de la réunion), les lignes horizontaux (les obsèques). Et on retrouve encore une fois, des codes Bondiens bien ajustés: le smoking blanc (d'ailleurs, ça me rappelle le smoking de Humphrey Bogart dans Casablanca), la voiture qui peut pas utiliser ses gadgets, Bond dans la neige (ça compte ?), la voiture détruite (Bond détruit toujours les voitures), le chat... Et pour le coup, le Gunbarrel est mis au début.
Tout ça pour dire, SPECTRE est un excellent James Bond, il n'égal pas Skyfall malheureusement. Mais il reste un des meilleurs James Bond jamais fait. En tout cas, il est bien parti pour être un de mes préférés. Malgré ces longueurs, il est vraiment très bien réalisé et on ne s'ennui pas.
Et la fin fait vraiment office de conclusion pour le coup
(par-contre, j'ai peur qu'ils n'aient laissés Blofeld en vie pour le remettre dans une éventuelle suite).
Et après cette fin, je me dis que Craig à la possibilité de quitter James Bond. Attention, je ne dis pas qu'il devrait arrêter, ça serait triste si il arrête, mais avec fin il a de quoi partir dignement. Mais si il apparaît dans une suite, je prend direct mon billet (je veux un dernier James Bond).
Et n'oubliez pas. Il s'appelle Bond, James Bond...