Can't take my eyes off of you
Quand mes yeux se posent sur la moyenne SensCritique de ce film, je ne peux retenir mon soupir.
Je crains malheureusement qu'il ne soit incompris. Mais comment vous en vouloir ? Après tout, ce n'est qu'un teen-movie parmi tant d'autres, il est prévisible au possible, il est cliché, niais... oui mais alors pourquoi est-ce que je soupire ?
Et bien c'est car ce n'est pas un teen-movie ordinaire. Les teen-movies se masquent, se cachent de honte, ils essaient de croire qu'en fait ils racontent quelque chose de sérieux.
10 Things I Hate About You, lui, a conscience d'être un teen-movie, et s'affranchie donc de son identité. S'il reprend les mécaniques de ce genre de film, il le fait délibérément et en en accentuant tous les aspects. Le film est en vérité très autoparodique, il se moque de lui-même comme il se moque des autres films du genre, et devient alors le meilleur film de sa catégorie.
Les personnages sont tous des satires d'une gamme de personnage dans les films pour ados. Par exemple, Joey représentera à lui-seul la parodie de tous les "beaux-gosses méchants" des teen-movies, il s'en approprie les codes et va plus loin encore dans la satire. Patrick, lui, représentera les "beaux-gosses mystérieux", et dans cette parodie on aura le droit à des trouvailles vraiment très drôles. Kat sera la fille trop mature, etc...
Il se dégage alors de ce film une ambiance délirante, où le second degré doit en être la première lecture. Les scènes s’enchaînent et on aura le droit à de multiples vannes, comique de situation et autres effets humoristiques qui sont vraiment réussis. Je n'arrive d'habitude que rarement à rire devant les teen-movies classique, mais devant 10Things I Hate About You je suis très souvent en train de me fendre la poire.
Mais c'est car il y a ce second degré, et aussi un sentiment de sincérité dans tous les personnages, qui passe par un jeu d'acteur excellent... servi par un casting 4 étoiles de futurs stars qui s'ignorent. David Krumholtz (déjà connu de Freaks & Geeks), Julia Stiles... mais surtout Joseph Gordon Levitt et surtout (x2!) Heath Ledger !
J'avoue que pour moi la seule présence d'Heath au casting lui rajoute un cachet supplémentaire. Heath est génial, tout le temps et partout, et ici il n'échappe pas à la règle. Il y a d'ailleurs dans ce film une magnifique scène culte pour tous les fans de cet acteur.
La sincérité que je mentionnais plus haut passe également par l'écriture du film. Si les personnages sont des stéréotypes, ils sont tout de même travaillés. Et assez étonnement, on arrive à croire aux relations qui se développent. Les émotions passent, qu'elles soient positives ou négatives. Mais évidemment, elles passent mieux si on a passé son cerveau en mode "second degré" en débutant le film, comme je le disais.
Il y a également un vrai travail derrière cette écriture, puisque c'est une réécriture parodique de La Mégère Apprivoisée de Shakespeare, rien que cela !
Dommage cependant que certains personnages fassent un peu tâche, comme la directrice, ou le père un peu gonflant parfois.
Un film dont on ressort avec une vraie joie de vivre, un sourire frais. C'est des bons sentiments, c'est rock'n roll, ça donne la patate. C'est classique, mais pas tant que ça, et c'est assurément le meilleur film de son genre.
A voir en débranchant son regard cinéphile-hardcore. Ca ferait pas de mal à certains.