10 Voie du Champ des Trèfles

Je n'avais pas spécialement apprécié Cloverfield lors de mon premier visionnage, le second m'a un peu réconcilié avec le film bien que ce dernier demeure tout de même très surestimé je trouve. C'est pourquoi 10 Cloverfield Lane ne m'a pas attiré plus que cela lors de son annonce, malgré un intrigant trailer.

Fort heureusement le film s'avère infiniment plus intéressant que l'était Cloverfield pour la simple et bonne raison qu'il n'a pas vraiment de gros liens avec ce dernier. Il ne s'agit ni d'une suite ni d'une prequel, il est ici plus question d'un spin-off et encore hormis les éléments de la fin, le reste du film n'a rien à voir. Autrement dit l'argument "Cloverfield" a surtout servit de prétexte à faire la promo de ce dernier.

Qu'on se le dise, 10 Cloverfield Lane est captivant parce qu'il est avant toute chose un huis-clos très bien écrit. Le film instaure une ambiance pesante vraiment très maîtrisée et qui procure complètement l'effet escompté, laissant la part belle à la narration pour construire la psychologie des personnages. Ces derniers sont d'ailleurs tous les trois excellents, John Goodman impose énormément, comme à son habitude, avec un personnage aussi ambigu que rassurant. Quant à Mary Elizabeth Winstead elle se révèle très juste dans la peau de cette jeune femme débrouillarde et lucide et attachante. John Gallagher Jr. n'est pas en reste également bien que plus en retrait.
Le film a pour lui une efficacité redoutable dans l'écriture, posant les bonnes questions au bons moments, dévoilant les éléments qu'il faut quand il faut et amenant le spectateur à se poser les mêmes questions que les personnages. Finalement si monstre il y a, sont-ils à la surface ou bien sous terre dans le bunker ? C'est un peu le fil rouge du film, et ce dernier fonctionne à merveille.

Notons également la bonne réalisation de Dan Trachtenberg, sobre et assez classique mais elle aussi très efficace. La mise en scène alliée à la photographie vient offrir de belles séquences qui traduisent sans difficulté les émotions des personnages, le tout est en plus ponctué par l'excellente bande-originale de Bear McCreary.
On notera cependant un dernier acte peut-être un poil trop long, la volonté de vouloir relié 10 Cloverfield Lane à Cloverfield se passe ici avec logique, mais la séquence vient un peu dénoter avec le reste du film beaucoup plus efficace car plus sobre et moins grandiloquent. Néanmoins ce dernier acte demeure assez beau à regarder tant la qualité des effets visuels est impeccable.

Ainsi donc 10 Cloverfield Lane s'impose comme un excellent huis-clos qui allie parfaitement tension et angoisse, laissant la part belle aux acteurs et la mise en scène pour mener l'ambiance jusqu'à son climax final un poil moins pertinent mais tout aussi intéressant. Une très bonne surprise !