Kiarostami par Abbas, Abbas selon Kiarostami : une leçon de cinéma déclinée sous la forme de dix chapitres thématiques tous plus passionnants les uns que les autres, retournant sur les traces du magnifique Ten tourné quelques temps plus tôt par le grand homme au coeur du trafic urbain de Téhéran.
Pleinement efficace, limpide et lumineux 10 on Ten s'impose humblement comme une exégèse ouverte du cinéaste iranien par lui-même et pour le spectateur, exécutée sous le signe de l'horizontalité potentielle. Ni vraiment réalisateur, ni vraiment metteur en scène Abbas Kiarostami est avant tout selon lui-même ( et peut-être seulement ) un auteur utilisant les moyens du cinéma-tographe dans le but d'exprimer sa vision du Monde, mettant sur un même pied d'égalité acteurs professionnels et non-acteurs, les vertus de l'image dissociée de la bande-son et inversement, etc...
Il reprend le dispositif d'enregistrement de Ten représenté par une caméra DV effaçant les afféteries dramaturgiques du sujet filmé pour mieux mettre en évidence son intériorité, et donc sa vérité : discursif et impeccable dans le même temps ce documentaire en forme d'auto-portrait montre un penseur épris de poésie, de naturel et de simplicité revenant avec parcimonie sur l'ensemble de son Oeuvre, privilégiant sa conception de chacun des éléments de fabrication d'un film au commentaire analytique de ses nombreux longs métrages.
Allant de soi, d'une élégante courtoisie et conscient de son indépendance artistique le Cinéma de Abbas Kiarostami prend ici les mêmes chemins de traverse que dans la superbe trilogie de Koker, détaché du tumulte embouteillé de Ten tout en en reprenant les motifs intelligemment soustractifs. Un merveilleux document de et par l'un des cinéastes les plus matures de l'Histoire du Septième Art, à revoir régulièrement au fil des années...