L'adage selon lequel une bonne idée n'a jamais véritablement assuré la réussite artistique d'un film s'est rarement autant vérifié. Le dernier film du polonais Jerzy Skolimowski s'intéresse aux destins de 11 personnes qui, pendant 11 minutes, vont voir leur vie s'entrecroiser jusqu'à un final détonnant. Clairement, le film relève plus de l'exercice de style ultra-maîtrisé que du drame existentialiste où le commun des mortels affronterait les hasards de la vie. Les images sont superbes, la mise en scène déroule mais pour ce qui est d'y trouver un quelconque intérêt, on repassera. En effet, à ne dire les choses que du bout des lèvres, on se désintéresse très vite de qui pourrait advenir de ces différents personnages complètement creux et insipides. Attendant un final prévisible, on se perd complètement dans un film qui multiplie les protagonistes plus anecdotiques les uns que les autres et rendus totalement insignifiants à cause d'une mise en scène qui, bien que maîtrisée, respire le nombrilisme d'un cinéaste en plein trip égocentrique (à l'image de ce point étrange dans le ciel, symbolique d'un réalisateur omniscient qui tient le commun des mortels dans le creux de sa main). De plus, la temporalité de l'oeuvre est brouillonne au possible et l'histoire (si tant est qu'il soit possible de parler d'histoire) ne cesse de faire des allers et retours durant ce laps de temps de 11 minutes. Et 11 minutes pour filmer une intrigue, c'est la porte ouverte aux scènes longues, longues, longues. Entre un gaillard qui passe son temps à ruminer sa jalousie dans un couloir d'hôtel, un dealer de coke qui va et vient en scooter, un mec qui fait des hot-dogs et nous apprend que le plus grand sandwich jamais réalisé mesure 4 fois la taille d'un immeuble, on s'ennuie ferme. Un film contemplatif, c'est une chose. Sans les ficelles dramatiques et de l'intensité dans les images, le contemplatif cède la place à la lassitude et à la fatigue de voir une oeuvre qui n'est que le prolongement d'un auteur narcissique.