Étant un peu excédé par le fait que Groundhog Day (un excellent film au demeurant) soit toujours considéré par beaucoup (et ici même sur SC, dans une critique sur A Day, par exemple) le mètre-étalon du film "boucle temporelle infinie", je veux donc remettre les pendules à l'heure (même pas un jeu de mot avec le titre).
Ce modeste court-métrage (qui inspirera le futur long 12:01 en 1993) EST le mètre-étalon de ce genre précis.
12:01 PM est basé sur la nouvelle éponyme de Richard A. Lupoff éditée en décembre 1973, dans le mensuel de S-F The Magazine of Fantasy and Science Fiction.
Quant à savoir qui a été le premier à écrire sur une boucle temporelle, on remonte alors en 1941 avec la nouvelle de Malcom Jameson: "Doubled and Redoubled". Mais pour ce qui nous concerne, 12:01 PM - le court - est donc la base du time loop au cinéma. Et c'est basé sur Lupoff, qui a lui même contribué à ce court.
La boucle est donc bouclée.
12:01 PM.
Nous voyons Myron Castleman (le toujours impeccable Kurtwood Smith) dès la première image, qui se trouve sur l'entre deux-voie d'une avenue de New York. Il semble un peu perdu puis il se rend vers le trottoir, y croise deux hommes dont le sac de l'un se déchire puis va s'asseoir sur un banc pour y prendre son casse-croûte. Après qu'un pigeon ait bombardé son voisin, il change de place et s'assoit à côté d'une femme qui dessine.
L'homme entame timidement une discussion.
13:00 PM.
Myron se retrouve à nouveau sur l'entre deux-voies...
Ce fonctionnaire banal va donc revivre les mêmes 59 minutes et - au fur et à mesure de cette boucle temporelle - il va vouloir chercher à comprendre comment arriver enfin à 13.01. Un scientifique ayant prédit un possible dérèglement temporel, Myron va tout faire pour le contacter.
Les 24 minutes de ce court se terminent d'une manière assez peu conventionnelle et en y repensant, ce récit condensé contient une certaine noirceur car seule la détresse régit la vie - tout du moins une heure -) de ce pauvre Myron.
Nous le voyons donc, Groundhog Day ne DOIT pas être la référence absolue de ce genre codifié dit "boucle temporelle", puisque 12:01 PM a été créée en 1973, soit 20 ans avant le film du regretté Harold Ramis.
D'ailleurs, Jonathan Heap et Richard A. Lupoff entamèrent des poursuites pour plagiat à l'encontre de Groundhog Day mais devant les frais judiciaires nécessaires pour lutter contre la toute puissante Columbia Pictures, les deux hommes abandonnèrent au bout de 6 mois.
Voici les propres mots de Lupoff:
"...The story was also adapted -- actually plagiarized -- into a major theatrical film in 1993. Jonathan Heap and I were outraged and tried very hard to go after the rascals who had robbed us, but alas, the Hollywood establishment closed ranks. We were no Art Buchwald. After half a year of lawyers' conferences and emotional stress, we agreed to put the matter behind us and get on with our lives..."
Je pense fortement qu'il était nécessaire de rétablir la justice sur ce gimmick de la boucle temporelle et merci donc à Richard A. Lupoff pour avoir initier ce genre si riche et particulier qui fait notre bonheur depuis plus de 45 ans.
13:01 PM
Voyons de quoi l'avenir sera fait...