Après le succès du H40 (2018), le duo Green /McBride se mirent à l'écriture du chapitre suivant dans l'optique de filmer Halloween Kills et Halloween Ends à la suite, pour économiser les coûts.
Mais il fut décidé de scinder le récit en deux et de filmer uniquement ...Kills en 2019 tandis que ...Ends le fut en 2020.
Le gimmick
des répercussions des agissements
de Myers dans le premier film menant
à la création d'une foule en colère (menant au suicide d'un innocent) est en fait une reprise de ce que Carpenter himself voulait faire pour donner suite
à son Halloween en 1978 (et ce, malgré que le tandem Green /McBride ne le mentionne jamais)...
Le casting reprend donc les acteurs du H40 (Lee Curtis, Greer, Matichak, Patton, Arnold, Nick Castle (le visage de Myers) et James Jud Courtney (la majorité des scènes incluant Myers masqué), mais aussi
les acteurs du film de
Carpenter himself:
- Nancy Stephens (**
l'infirmière Marion Chambers
**),
- Charles Cyphers (**
l'ex-shérif Leigh Brackett
**),
- et Kyle Richards (
Lindsey Wallace, la gamine que gardait Laurie
).
Donc, les persos
de 78 (et une rencontre annexe entre le Lonnie gamin - qui martyrise Tommy Lloyd à la sortie de l'école et lui détruit la citrouille - cette même année) peuplent logiquement la petite ville d'Haddonfield et commémore chaque année la tuerie de 1978
au bar local.
Et c'est via ces gens-là
(dont les survivants du film original Tommy Lloyd, Marion Chambers et Lindsey Wallace)
que naitra
cette milice auto-proclamée qui envahiront le Capi...Memorial Hospital pour y débusquer
Myers..
.qui est en fait de retour dans son ancienne maison et la nettoie de ses nouveaux occupants
(les personnages les plus faibles du film, par ailleurs).
Qu'en est-il donc du film ?
Alors en effet, le H40 se suffisait à lui-même avec son début, son milieu et sa fin et aurait pu être l'ultime film sur le sujet (il suffisait de ne pas rajouter la respiration de Myers à la toute fin du générique final).
Mais le trio de scénaristes (Scott Teems, Jim McBride et David G. Green) réussit à donner du corps à cette nouvelle séquelle (qui aurait pu s'appeler Michael Myers Unleashed - copyright TLK 16.10.18 - au vu du contenu) et à rendre le mythe de Myers encore plus intéressant et sombre.
Logo's Kill by John Carpenter, Cody Carpenter and Daniel Davies:
https://www.youtube.com/watch?v=FGK8P2O0awQ&list=PLocqHZj7MJflQgtzhDSdwQXZNEj3DbbAk&index=1
Le film commence exactement quelques minutes suivant la fin du précédent (donc la même nuit du 31 octobre 2018) avec la maison de Laurie qui flambe (faisant donc de H40 un unique film de 211 minutes) et celle-ci accompagnée par sa fille et sa petite-fille en route pour l'hôpital...
Il est nécessaire de ne pas voir le trailer (qui en dévoile un peu trop,
le massacre des pompiers
, surtout) pour une meilleure immersion, comme souvent malheureusement.
Comme
dans H II de 1981, Laurie passe la majorité de son temps au sein de l'hôpital, ce qui lui laisse le temps de théoriser sur les agissements de sa Némésis (d'ailleurs, dans H40, Laurie remplace Myers à l'extérieur du lycée puis après avoir chuté du toit, elle disparait comme Myers le fit lors du climax avec
Loomis.
Mais contrairement au film de 81,
Myers ne met même pas le bout du pied dans le bâtiment...il s'occupe à l'extérieur !
Et pas qu'un peu !
It Needs To Die by John Carpenter, Cody Carpenter and Daniel Davies:
https://www.youtube.com/watch?v=IMV63c3YkPw&list=PLocqHZj7MJflQgtzhDSdwQXZNEj3DbbAk&index=15
A ce titre, la séquence
du lynchage de Myers par la milice locale (menée par Tommy Lloyd) a quelque chose de libérateur car le Mal est mis à mal (la foule scandant
"Evil has to die !"
)...mais le Mal ne meurt jamais (
"Evil Never Dies").
De fait, la séquence suivante nous montre un montage parallèle: celui où
Karen console sa fille sur les marches de la maison Myers
("tout est fini") et son pendant
où Myers massacre littéralement la milice dont la hargne et la rage s'est éteinte après avoir cru tuer le Mal
...
Quant à la théorie du
pourquoi Myers enfant passait son temps à regarder par la fenêtre de sa chambre, elle est glaçante car lourde de sens: Michael ne regardait nullement vers l'extérieur, mais vers l'intérieur, c'est à dire son propre reflet, son soi-intérieur qu'on pourrait énoncer comme suit: "pourquoi ressens-je ces étranges pulsions, que suis-je ?", faisant de Myers sa propre victime et son propre bourreau.
Et c'est justement quand Karen verra son propre reflet dans la fenêtre de l'ancienne chambre de Myers que celui-ci apparaitra derrière elle et la lardera à mort à coups de couteau...
Elle a voulu savoir ce que ça faisait d'être Michael Myers, ce fut sa dernière sensation.
...Kills est littéralement un jeu de massacre et est d'une violence inouie.
De fait, son classement "R" n'a ici rien d'un gimmick et c'est du gore à l'ancienne que nous avons, point de CGI immonde rajouté à la va-vite et nulle concession pour attirer le grand public, non.
Ce film s'adresse à un public mature et connaisseur ayant grandi (comme les persos d'Haddonfield) aux côtés du Myers de Carpenter.
Donc pas grand choses à offrir aux habitués des films d'horreur post-Scream avec ses ados imbéciles, ses explications à outrances, ses montages cuts chers à la motherfuckin' Disney/Marvel et une violence aseptisée faisant plaisir aux associations familiales et/ou religieuses qui gangrènent l'art en général, car si ce genre de films extrêmes ne leur convient pas, ils ne les regardent pas !
On parle ici de Myers, le Mal à l'état pur donc le Mal n'est pas frileux, il fait ce qu'il sait faire de mieux dans ce cas: tuer !
Rampage by John Carpenter, Cody Carpenter and Daniel Davies:
https://www.youtube.com/watch?v=gl25qkO2LqE&list=PLocqHZj7MJflQgtzhDSdwQXZNEj3DbbAk&index=12
Un autre personnage important du film est évidemment la soundtrack: elle est furieuse, menaçante, lancinante, percutante !
Carpenter, son fils Cody et son filleul Daniel Davies (une histoire de famille, donc) réussisent à surpasser la déjà excellente compo pour le film précédent !
Myers n'aurait pu rêver meilleur traitement que celui de H40 et ce ...Kills, car non seulement il respecte son matériau de base (le film de Carpenter) mais il l'emmène encore plus loin avec sa thématique sur le Mal (les pulsions meutrières de l'Homme en général et de Myers en particulier) mais aussi
sur les débordements incontrolables d'une foule totalement aveuglée par ce qu'ils croient être
juste (à tort, souvent).
A ce titre, la séquence
où Lance Tovoli (l'homme au parapluie amateur de lacet défait, évadé en même temps que Myers) est pirs au piège par la horde vociférante des "justiciers") préfère se suicider et mourir en paix (car il n'est qu'un homme simplet qui n'a rien fait de mal) que de se faire déchiqueter par ces harpies incapables de bon sens, est filmée d'une manière très émotionnelle mais
tout en sobriété
(malgré son déficit mental, l'homme apeuré jauge rapidement la situation et choisit d'en finir)
.
Alors, comme déjà dit plus haut, les séquences présentant le couple homo Big John (le petit) et Little John (le grand) sont le réel point faible de ce ...Kills car ça n'apporte rien de plus (ni pour la cause des LGBT ni pour le récit en lui-même) et casse un peu le rythme général du film.
Quant
aux présences de Marion Chambers, Leigh Brackett, Lindsey Wallace et même Lonnie Elam ne sont qu'accessoire/clin d'oeil au film original (et se font massacrer quoi qu'il en soit, à l'exception de Lindsey) pas spécialement nécessaires (à part de donner une réalité tangible à la ville fictive d'Haddonfield)
à la trame générale
car pas très bien intégrés
avec les autres protagonistes.
En résumé, l'essai de H40 est confirmé avec ce ...Kills et l'ensemble du récit se présente comme une étude approfondi de Myers et de son impact direct sur son environnement.
La réal est encore une fois maitrisée, l'acting est globalement très bon (exceptés les John et le jeu parfois excessif de Anthony Michael Hall), la musique du trio Carpenter est en parfait adéqaution avec son sujet et les débordements graphiques live très efficaces !
A ce sujet, cet Halloween est sans conteste l'épisode le plus graphiquement violent de toute la franchise (Zombie enterré) donc avis aux âmes sensibles: abstenez-vous de vous rendre à Haddonfield cet automne !
Pour les autres: enjoy the ride...and die ! !!
End Titles by John Carpenter, Cody Carpenter and Daniel Davies:
https://www.youtube.com/watch?v=LfJq3EvGcJA&list=PLocqHZj7MJflQgtzhDSdwQXZNEj3DbbAk&index=20
Addendum du 21.10.21:
Après avoir lu pléthores de critiques sur SC, il en ressort que beaucoup prennent beaucoup trop au sérieux la saga...ou essaient de le faire croire.
Pour certains, Laurie Strode est inutile ou sous-exploitée ou...
Aurait-il encore fallu la faire courir bis repetita après le film précédent ?
Le réal essaie de donner quelque chose de différent pour ne pas refaire la même chose.
Est-ce donc un mal ?
Laurie a fait de son mieux et maintenant qu'elle a fait face à sa peur la plus profonde, elle l'analyse.
C'est donc une évolution de son personnage (victime en 78, combattante en 2018 et et vétéran dans ce ...Kills) qui me semble salutaire.
...Kills est aussi montré du doigt car très violent et avec un bodycount impressionnant.
Le titre est Halloween Kills...
A quoi vous attendiez-vous?
Une réflexion intensive sur le marché des plantes d'intérieur et le bienfait relaxant qu'elles peuvent apporter au moral..?
De même, on s'indigne que le film de 78 présentait un Myers voyeur et furtif et que maintenant, il massacre la population d'Haddonfield à tour de bras...
Le film matriciel reflétait son époque puisque héritier de Psycho (donc des oeuvres à suspense où l'horreur se dissimule dans l'ombre et après l'injecton de meutres plus graphiques avec le premier dérive d'Halloween qu'est Friday the 13Th, puis The Burning, My Bloody Valentine et autres, Carpenter lui-même remontera Halloween II pour se conformer à cette nouvelle ère du slasher.
Ensuite, c'est Scream qui modifia encore la donne en augmentant la violence graphique (menant à une interdiction aux moins de 16 ans en France lors de sa sortie au cinéma !) puis l'avènement du torture-porn avec Hostel, Saw et consorts...en passant par les shows TV ouvertement gores (Dexter, Game of Thrones...).
Le public a évolué et la demande aussi, donc pourquoi se lamenter sur la violence excessive (et le bodycount en hausse) de ce ...Kills alors que ce dernier ne fait qu'être un film de son époque !
Oh...Myers a aussi changé car il a été enfermé pendant 40 ans !
40 ans sans rien à faire excepté attendre le moment propice pour retourner "chez lui", le seul endroit où il peut faire face à lui-même...
40 ans sans pouvoir faire ce qu'il sait faire: tuer !
A votre place, vous continueriez à jouer à cache-cache après 40 ans d'inaction ?
Ça n'aurait strictement aucun sens !
On a enchainé une bête pendant 4 décennies, logique que quand elle se retrouve enfin libre...elle se déchaine !
Alors certes il y a des maladresses (
la foule ne shoote pas Myers dans la tête, le couple de gay inintéressant et cliché...
) mais l'ardeur de certains à taper dessus me laisse perplexe, car ça me semble souvent gratuit...
Chacun a le droit de l'apprécier ou pas, cela va de soi.
Mais lui reprocher sa violence (Halloween Kills) ou sa différence avec le film de Carpenter (nous sommes en 2021, la mode a changé, le monde a changé et Carpenter + Curtis eux-même sont parties prenantes de ce qu'est H40 et ...Kills, donc qui de mieux que ceux qui ont créée cette franchise pourrait prendre les décisions ?).
J'aime John Carpenter, j'aime son Halloween de 1978 et j'aime ce que Big John en a fait en compagnie du duo Green/McBride en respectant l'époque où ces films sont faits !
From The Fire by John Carpenter, Cody Carpenter and Daniel Davies:
https://www.youtube.com/watch?v=ndOuY64ZOE0&list=PLocqHZj7MJflQgtzhDSdwQXZNEj3DbbAk&index=8