Troisième film de Steve McQueen, un réalisateur adulé par les critiques mais qui me laisse aussi froid que sa caméra. Hunger fût une mauvaise expérience, le suivant Shame passait mieux, mais jusque-là, rien de transcendant, d'inoubliable, avant que je me retrouve devant celui-ci. Le sujet avait tout pour me passionné, mais aussi pour me toucher. C'est réussi, même s'il y a comme un goût d'inachevé, alors que la trop longue durée du film, n'aurait pas dû causer cette sensation.

La caméra de Steve McQueen est efficace, elle est glaciale, au service de son sujet, tout comme la musique d'Hans Zimmer, sobre et efficace. Mais surtout, la distribution est quasi-parfaite, des acteurs connus, d'autres enfin reconnu et des découvertes, un mélange de talents, qui offre de grands moments, malgré la violence des images et/ou des propos.
Ce film permet au grand public de découvrir Chiwetel Ejiofor, un grand talent méconnu, enfin reconnu, dans un rôle difficile, ou il est quasiment de tout les plans, portant la douleur et la détresse de ce personnage réel, Solomon Northup, car le plus dur dans cette histoire, c'est qu'elle est réelle, celle d'un homme noir libre, mais trompé par des blancs, qui se servent de lui pour éponger une dette, faisant de lui un esclave, dont la femme et les enfants, ne savant rien de sa nouvelle condition.
Parmi les êtres exécrables que nous croisons, Paul Giamatti est le plus haïssable de tous, il ne fait que passer, mais il représente tout ce qu'il y a d’écœurant chez l'être dit "humain". La vente des "nègres" est un des moments les plus durs à vivre, ce ne sont que des objets aux yeux des "blancs", juste bon pour les servir de toutes les manières possibles, ou leurs "qualités" sont exhibés pour en tirer le plus de profits, de la marchandise, qui n'a plus le droit de penser ou de parler, sans en avoir reçu l'ordre.
Benedict Cumberbatch fait une bonne prestation, un maître qui semble être plus humain, mais au final, il traite Chiwetel Ejiofor comme de la marchandise, qui sert de nouveau à effacer une dette, non sans avoir échappé à la pendaison, des mains de Paul Dano, une nouvelle fois instable et violent, son chant est aussi terrifiant que son regard.
Michael Fassbender, fait pâle figure parmi tout ses talents, il est de tout les films de Steve McQueen et autant ce dernier semble devenir de plus en plus talentueux, autant le premier est de moins en moins intéressant. Le film perd de son intérêt durant son "séjour" chez celui-ci, trop lent et long, mais il offre aussi la scène la plus violente, aussi brève que marquante, dû à cette bouteille jetée par Sarah Paulson au visage de la découverte du film, Lupita Nyong'o, qui en plus d'être une esclave, doit subir la jalousie d'une femme, son destin est cruelle et la scène des coups de fouet, est très dure mais essentielle, elle a sa place, elle n'est pas gratuite, elle démontre la cruauté de l'homme blanc envers ses esclaves, encore plus en laissant son fouet à l'un d'eux. Parmi les autres bons acteurs qui traversent l'histoire, Brad Pitt apporte un peu de lumière, alors que Michael K. Williams n'aura pas eu le temps de la revoir, que Garrett Dillahunt est une version courte de Paul Dano, Chris Chalk un bon petit "négro", ou encore JD Evermore excelle dans les seconds rôles.

J'avais peur d'un parti pris, de stigmatiser l'homme blanc et de victimiser l'homme noir. Ce n'est pas le cas, le film relate, au lieu de juger, il montre une réalité, le sud de l'Amérique, son racisme encore présent de nos jours, comme une tradition....Ce blanc qui ne veut pas perdre son statut de "maître", ce noir qui ne se révolte pas, ou peu, acceptant sa condition. Le flashback ou l'on voit Chiwetel Ejiofor, en homme libre, ignorant son "frère de couleur", qui est lui un esclave, démontre que celui-ci, jouit de sa position, oubliant celle des siens. Il en sera de même, quand il deviendra lui aussi un esclave, ne pensant qu'à sa peau, il a sur sa conscience le destin de Lupita Nyong'o, seul sa survie compte, le travail sur son esprit à été efficace, par le biais de la peur, celle que nos gouvernements continuent d'exercer grâce aux médias, pour nous maintenir dans un état proche de celui de notre "héros", sommes-nous des Solomon Northup ?
easy2fly
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le 5 févr. 2014

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Laurent Doe

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