Quoique @Before-Sunrise aie d'ors et déjà dit l'essentiel de ce que j'aurais pu gribouiller sur 12 years a slave, je vais me fendre de quelques lignes parce que bon, un oscar de meilleur film pour cette pellicule me laisse un peu triste.
J'ai rarement eu l'impression de voir une pellicule aussi rasoir en rapport avec la (sur)puissance de son sujet. Certes, peut être ne suis-je pas le plus à même d'être ému par la tragédie vécue par le personnage de Solomon aka Platt - arraché à sa vie d'homme noir libre de New York pour plonger dans les affres d'une vie d'esclave du Sud - mais bon sang qu'est ce que la réalisation semble être détachée de son sujet. A croire que McQueen préfère filmer les (magnifiques) paysages boisés percés de lumière fainéante du Sud et ses champs de cotons (bouffés par des des chenilles en gros plan. Hommage à Microcosmos ?).
Ce que vit Platt ? On l'ignore. Il traverse et endure l'horreur, mais celle-ci est tellement froidement disséquée qu'on a bien du mal à ressentir la moindre empathie ou même saisir ce qui lui passe par la tête (derechef un comble au vu du thème). Ce n'est pas parce qu'on a des gros plans de dos ensanglantés qu'on s'implique. Je me suis mille fois plus investi dans la série "Racines" par exemple, pourtant moins crue, qui revenait sur l'existence d'une lignée d'esclaves (je vous la conseille chaudement si elle vous est inconnue. Je l'ai personnellement découvert gosse, c'était aussi édifiant qu'instructif à voir).
A côté de ça, le casting est impeccable, mais à quoi bon ? Ils semblent être là pour défiler dans un film promis aux oscars, de Cumberbatch à Fassbender, sans oublier Sarah Paulson. N'oublions pas non plus la caution Brad Pitt, pour le coup un peu trop poseur à mon goût.
Donc oui, 12 years a Slave est visuellement accrocheur. Jusqu'à se complaire dans sa beauté formelle, mais émotionnellement, il reste à la surface de personnages peut être trop creux pour mériter qu'on s'investisse en eux.
PS : petite pique gratuite. Merci Zimmer de mettre tes vuvuzelas en sourdine, mais ça reste des vuvuzelas hein. Tu ne voudrais pas revenir à des mélodies avec plus de deux tonalité un jour ? ça t'allait bien.