Le choix à la jaquette, ça vous parle ? Si si, je suis sûr que vous vous êtes déjà tous lancé dans un film sans savoir de quoi ça parlait, uniquement parce que la jaquette vous a attiré, quelle que soit la ou les raisons. C’est ce qui s’est passé pour moi avec 12 Hour Shift. Un visage ensanglanté, un regard plein d’inquiétude, un logo du festival Fantasia, emballez c’est pesé pour me convaincre en tant qu’amateur de bobines horrifiques versant si possible dans le gore. Horrifique, 12 Hour Shift l’est quelque part par justement ses effets sanglants. Mais c’est avant tout une comédie noire, très noire, matinée d’enquête policière. Le résultat n’est pas à la hauteur de ce que j’espérais, car même si ce que le film propose, il le fait plutôt bien, il ne m’aura pas convaincu plus que ça…
Brea Grant est une personnalité multi casquettes. Elle est actrice –on a pu notamment la voir les films Lucky (2020), After Midnight (2019) ou Halloween II (2007) de Rob Zombie- mais aussi scénariste puisqu’elle est derrière la série LGBT Eastsiders (2019) qui a été nominée aux Emmys Awards, et également réalisatrice. On lui doit par exemple le populaire Best Friends Forever (2013) et le 12 Hour Shift qui nous intéresse ici, qui est son deuxième et dernier long-métrage en date. Le film commence sur un ton très léger, mais on sent le personnage principal complexe, d’autant plus qu’on apprend très rapidement qu’elle trempe dans le trafic d’organes à l’hôpital dans lequel elle travaille afin de subvenir à ses besoins de toxico. Wouhou, c’est la fête dis donc comme thématiques ! Attendez, ce n’est pas fini. Notre anti-héroïne est semi-dépressive, elle fait constamment la gueule, elle est antisociale, et il va lui arriver des couilles tout le long de la bobine. Oui, clairement, si on le prend comme tel, sur le papier, c’est un coup à aller se pendre. Pourtant, c’est avant tout une comédie. Une comédie certes très très noire, mais une comédie quand même. On suit donc les mésaventures dans cet hôpital de Mandy à qui il va arriver couille sur couille. On assiste à une succession constante d’incidents que les personnages vont essayer de gérer tant bien que mal. Très rapidement, on constate que les personnages semblent tous un peu louches, à divers degrés. Aucun d’entre eux n’est tout blanc, chacun a ses petits défauts, et la réalisatrice va beaucoup jouer avec ça, en maniant cet humour très noir avec précision. Le casting est d’ailleurs une des forces du film. Angela Bettis (May, Carrie) est très juste dans le rôle de cette infirmière désabusée qui va subir des évènements qu’elle n’avait pas prévus. Chloe Farnworth (Road Wars, Other Monsters) est parfaite dans celui de la blonde cruche à bouffer du foin par qui toutes les péripéties arrivent. Seul regret, le temps de présence du toujours sympathique David Arquette (Scream, Arac Attack) en mode bad-ass est assez famélique alors que son rôle de psychopathe est des plus funs.
Après une première partie assez posée, 12 Hour Shift s’accélère dans sa deuxième et le film va enchainer des moments plus gores, plus violents, parfois plus improbables, mais toujours non dénués d’humour noir, parfois même sarcastique envers ses protagonistes. Le rythme, bien que pas des plus intenses, est néanmoins suffisamment bien géré pour qu’il se passe toujours quelque chose à l’écran. Mais le problème, c’est que la mise en scène de Brea Grant, aussi propre soit-elle, manque clairement de punch. Ça manque de folie, d’envergure, et au final ce n’est jamais marquant. De plus, on peine quand même parfois à croire à certaines idées du scénario ou aux décisions que prennent certains personnages. Bien que ce soit un des fers de lance de l’histoire, ses personnages qui ne font pas toujours les bons choix, c’est souvent assez prévisible, cela déteint sur la crédibilité de l’ensemble au point que cela nous sort parfois du film. Les personnages, bien que sympathiques, ne sont que très peu attachants, la faute aussi à des dialogues pas toujours très recherchés et une volonté de ne pas les rendre empathiques. Malgré le lieu unique dans lequel se déroule 12 Hour Shift, à savoir un hôpital, la réalisatrice arrive néanmoins à bien gérer l’image et l’espace, permettant à l’ensemble de ne pas être rébarbatif visuellement parlant car, aussi grand que puisse être un hôpital, ce sont malgré tout les mêmes lieux qui reviennent (l’accueil, la salle de pause, deux ou trois chambres, le distributeur de boisson). La musique a une place assez importante dans le film, toujours en raccord avec l’ambiance de la scène, bien qu’au final peu présente. A noter un moment chanté (qui m’a donné des boutons vu que je déteste ça) et un autre dansé qui servent à délimiter les différentes parties du film. Un procédé étrange mais qui se fond pourtant correctement au reste du film.
12 Hour Shift m’aura laissé sur une impression assez mitigée. Bien que l’humour (très) noir fonctionne à merveille et que les mésaventures des personnages soient parfois funs, le film peine à nous laisser rentrer dans son univers, principalement à cause de personnages auxquels on ne s’identifie jamais.
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