Malgré un sentiment relativement partagé quant aux deux premiers films de McQueen (j’avais moyennement accroché à Hunger et complètement adoré Shame), les deux avaient tout de même pour point commun de m’avoir énormément séduit sur le plan visuel. J’étais donc très impatient de découvrir le dernier projet en date du réalisateur. Et globalement, je n’ai vraiment pas été déçu ! Le film bénéficie en effet toujours d’une magnifique esthétique visuelle, grâce notamment à la magnifique photographie de Sean Bobbitt, le directeur photo attitré de McQueen, qui s’est entre-temps illustré dans The Place Beyond the Pines. Quant à la mise en scène, elle se révèle plutôt sobre mais néanmoins efficace, et réserve son lot de superbes séquences. On gardera ainsi en mémoire plusieurs plans séquences de toute beauté, dont un en particulier qui s’impose directement comme le moment fort du film au vu de sa profonde dureté. Car il faut le dire, 12 Years a Slave est une œuvre particulièrement dure et éprouvante, le réalisateur ayant choisi d’être démonstratif dans son traitement de l’esclavage. Certains verront dans ce choix un manque de subtilité et une volonté d’appuyer artificiellement les émotions, mais j’y vois personnellement une envie de se placer au plus près de la réalité en montrant, sans aucune complaisance, la souffrance (bien réelle) vécue par bon nombre de noirs à cette époque.

Mais si le film fonctionne aussi bien, au-delà de ses nombreuses qualités techniques, c’est également car le réalisateur est parvenu à tirer le meilleur de son superbe casting, tant au niveau du premier rôle que des seconds. Ainsi, Chiwetel Ejiofor impressionne dans la peau de ce père de famille instruit privé de toutes libertés du jour au lendemain. Plutôt habitué jusqu’ici aux seconds rôles, il livre une performance touchante et véhicule beaucoup d’émotion par son simple regard. A ses côtés, les acteurs secondaires se succèdent avec efficacité, allant de Benedict Cumberbatch à Paul Dano en passant par Paul Giamatti. Des acteurs qui ne marquent pas forcément les esprits, vu le peu de temps dont il bénéficie à l’écran, mais qui se montrent néanmoins tous très convaincants. En revanche, au-delà de Chiwetel Ejiofor, deux autres acteurs sortent clairement du lot : Michael Fassbender et Lupita Nyong’o ! Si le premier n’est pas une surprise au vu du talent déjà affiché notamment dans les deux premiers films du réalisateur, et qu’il démontre encore une fois ici dans un rôle terrifiant de maître esclavagiste tyrannique et frustré, la seconde est quant à elle une véritable révélation. En effet, pour son premier long-métrage, l’actrice est absolument bouleversante de sincérité dans la peau de cette esclave que rien ne semble épargner. Signalons enfin l’apparition furtive de Brad Pitt (producteur du film) qui jouit malheureusement de l’un des seuls personnages manichéens de l’histoire.

Pour toutes ces raisons, 12 Years a Slave est donc une œuvre de grande qualité, aussi poignante que bouleversante. Si la narration n’échappe pas à quelques rares longueurs, l’histoire et la performance des acteurs prennent vraiment aux tripes. A tel point qu’on n’en sort finalement pas tout à fait indemne. Même la composition de Hans Zimmer se veut plus discrète qu’à l’accoutumée, comme pour mieux rendre hommage au combat long et éprouvant de tous ces hommes et femmes. A voir impérativement !
Wolvy128
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le 23 janv. 2014

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