12 Years a Slave par Ben Ric
L’esclavagisme vu par Steve McQueen donne un film finalement assez décevant et qui n’apporte pas un point de vue vraiment original sur la question par rapport à tout ce que l’on a pu voir à ce jour dans la manière de traiter l’esclavagisme au cinéma.
Si le réalisateur anglais prouve qu’il sait parfaitement tenir une caméra et proposer une mise en scène appliquée, qu’il est un formaliste convaincu mais pas toujours convaincant, semble en revanche avoir toujours autant de mal à raconter une histoire solide, en tout cas suffisamment captivante.
Pourtant le sujet de l’esclavage, ici aussi fort soit-il, débouche là sur un film duquel ressort assez peu d’émotion, le réalisateur se contentant de nous resservir les image d’Epinal habituelles et de dire comme dans ses deux précédentes réalisations ("Hunger" et "Shame") "Regarde comme ça fait mal la douleur ! Regarde comme les hommes sont torturés et regarde comme ils souffrent !" n’épargnant aucune lourdeur au spectateur pour le convaincre du bien fondé de son propos. L’autre souci majeur du film réside dans la manière de représenter le temps. Pour un film qui annonce 12 ans d’esclavage, à aucun moment Steve McQueen ne donne le sentiment au spectateur que le calvaire de cet homme a duré si longtemps, ne montrant aucun signe de transformation physique, aucun signe évoquant l’usure mentale de ce pauvre incarné honnêtement par l’acteur Chiwetel Ejiofor.
Malgré tout, le film se regarde sans déplaisir ni ennui véritable, les personnages se révélant globalement intéressants dans un film qui ressemble plus à un produit hollywoodien bien calibré, à une œuvre très classique qu’à l’œuvre singulière et atypique à laquelle on pouvait s’attendre de la part d’un auteur reconnu pour ses parti-pris esthétique et une certaine forme de radicalité.