13 Assassins par SanFelice
Takashi Miike se serait-il assagi ? Ce n'est que le 4ème de ses films que je vois, mais c'est le seul qui respecte les codes d'un genre. Un genre, le chambara, qui en a justement beaucoup, des codes.
Et, de fait, l'histoire se déroule d'une façon tout à fait classique pur un film de samouraï. Il y a un ennemi désigné, bien cruel si possible ; ici, il s'appelle Naritsugu, c'est un seigneur particulièrement violent et sadique. Mais il est inattaquable : c'est le frère du Shogun, et il est appelé à de très hautes fonctions.
Le conseiller Shinzaemon Shimada est dans une situation pour le moins indélicate : il ne veut pas se soumettre à ce monstre, mais toute action contre lui serait perçue comme une attaque directe contre le Shogun, donc un acte de trahison. C'est donc dans le plus grand secret qu'il va engager 12 samouraï pour une mission suicide : assassiner Naritsugu.
Le scénario est, bien sûr, entièrement tendu vers le combat final, mais le parcours des "assassins" sera ponctué de petits combats isolés, histoire de maintenir le spectateur en alerte.
Miike réussit ainsi à faire un film passionnant et esthétiquement superbe. Le combat final dure presque 40 minutes et le génial cinéaste développe un extraordinaire talent pour représenter l'espace : cette scène se déroule dans un village entièrement fortifié (ce qui n'est pas sans rappeler Les 7 samouraï de Kurosawa) et Miike parvient à multiplier les actions parallèles sans jamais perdre son spectateur.
De même, il tient un pari esthétique risqué mais réussi : son film tient dans un étrange équilibre entre foisonnement et épure, entre grotesque et lyrisme, entre Jerôme Bosch et Hokusaï. La violence de certaines scènes (qui sont surtout très sanguinolentes) est contrebalancée par la splendeur des images de forêt et de ponts dans la brume.
Mieux encore : il réussit à développer la psychologie de ses personnages sans ruiner le rythme du film. Chacun des "assassins" est ainsi montré avec ses particularités ; ce sont de véritables personnages, pas seulement des lames dans un combat.
Décidément, Miike ne cesse de me surprendre; il est plein de ressources, n'est jamais là où on l'attend et possède toutes les qualités d'un grand cinéaste.
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