Remake, quand tu nous tiens...
Réalisateur de Le Dernier Exorcisme sorti en 2010, Daniel Stamm s’attaque ici au remake du très sympathique film thaïlandais 13 Jeux de Morts. Oui, encore un remake d’un film asiatique diront certains, à croire que les américains n’ont plus aucune inspiration tout ça tout ça… C’est vrai, mais lorsque c’est plutôt bien fait, pourquoi bouder notre plaisir ? Certes, Daniel Stamm n’est pas le réalisateur le plus doué de sa génération et 13 Sins n’a certainement pas la carrure d’un film pour le grand écran, mais en tant que DTV plutôt solide, il s’impose là. Le film marche un peu sur les traces de la célèbre série Saw, certes, mais il fait preuve d’une efficacité bienvenue.
13 Sins nous met dans l’ambiance direct, avec un vieillard un peu gêné, perdu, faisant un discours lors d’une soirée, racontant des blagues graveleuses devant une foule de gens, l’air médusé, puis coupant l’auriculaire de la personne à coté de lui, avant de se faire abattre par un policier dans une marre de sang. On sent d’entrée de jeu le film à l’ambiance bien space, intriguant et malsain auquel on va assister. Et effectivement, c’est ce qu’il va se passer. En prenant comme prétexte un coup de fil faisant participer un pauvre gars à un jeu lui permettant très rapidement de gagner beaucoup d’argent en accomplissant 13 défis, le réalisateur veut nous montrer les plus bas instincts de l’être humain capable de devenir un monstre lorsqu’il y a de l’argent en jeu alors qu’il est au départ au plus bas. Nombreux sont les films ayant avec des idées diverses et variées déjà traités ce sujet. Mais force est de constater que, malgré une mise en scène loin d’être exceptionnelle et même au final plutôt classique, Daniel Stamm s’en sort avec les honneurs. Son film est rythmé (car court aussi, 1h32), propre dans sa photographie, haletant, et son casting est tout bonnement impeccable.
Outre Mark Webber (Scott Pilgrim) parfait dans le rôle du mec paumé qui va se lancer dans ce jeu macabre, quel plaisir de voir Ron Perlman dans autre chose qu’un navet bas de gamme ou un petit rôle dans un film plus correct. Quel plaisir de revoir également Rutina Wesley, Tara dans True Blood, dans autre chose qu’une série.
Les défis de notre cher héros vont donc s’enchainer. Ca commence avec du gentillet comme par exemple tuer une mouche et l’avaler, mais vont rapidement passer par plusieurs stade pour essayer de faire naitre chez le spectateur plusieurs émotions. C’est parfois dérangeant, parfois très gênant, et on fait même une petite escale vers le gore lorsque ce dernier va se voir obligé d’amputer l’avant bras d’une personne, consentante, à la scie circulaire.
Mais le film n’est pas non plus qu’une succession malsaine de défis sans rien derrière et 13 Sins tente de développer un scénario un peu plus intelligent qu’il n’y parait. Trop en parler pourrait gâcher le plaisir mais disons que le réalisateur essaie de donner un coté historique à ce jeu, en nous expliquant qu’il existe depuis plusieurs siècles, que tout porte à croire qu’un certain pays serait impliqué,… Autre petite chose bienvenue, même si on sent tout de même quelques trucs qui vont faire qu’on n’est pas si surpris que ça, on a droit à l’habituel twist final qu’on retrouve dans bon nombre de films du genre, plusieurs twists ici même. C’est toujours agréable, même si c’est donc parfois prévisible, de voir que Daniel Stamm a fait l’effort de nous pondre quelque chose de pas trop linéaire afin de nous tenir en haleine tout le long, et surtout préfère laisser pas mal de réponses en suspend plutôt que de s’embourber dans d’innombrables explications qui nous donnent parfois l’impression qu’on nous prend pour un gros neuneu.
Certes, on pourra reprocher à 13 Sins quelques grossières incohérences ou un score pas toujours très bien choisi. Mais sous ses airs de petit film sans prétention se cache un divertissement de choix, un DTV comme on les aime parfait pour passer une petite soirée agréable devant sa télévision.