Nims Purja réalise un des plus grands exploits de l'Humanité, en portant le discours décolonial qui manquait à la vidéo d'Inox, sans que le documentaire arrive à nous faire ressentir une seule émotion. Sa mère manque d'y passer à mi-chemin, lui-même frôle la mort à de multiples reprises, dans l'indifférence générale.
Le principal problème est formel. On a affaire à un documentaire Arte sous stéroïde, qui enchaîne les séquences sans nous laisser respirer, prendre la mesure de l'effort, du temps qui passe, de la souffrance et nous empêche de construire une relation avec l'équipe du Project Impossible. Interrompus sans cesse par des interviews d'alpinistes occidentaux, pour nous confirmer que oui, c'est vraiment un exploit, puisque même des blancs le disent, on ne nous laisse aucun doute sur l'issue de l'expédition. Comment s'attacher à un personnage si on est sûr qu'il ne va pas mourir ?
(Mention spéciale aux séquences animées, qui nous montrent en négatif qu'un bon documentaire était possible)
Nims nous est présenté comme un super héros. Entre sa période à l'armée, ses aptitudes exceptionnelles, son mental d'acier, on a du mal à nouer un lien. On aurait aimé voir une part de vulnérabilité, de sensibilité, dont il n'a pas l'air de manquer. Il a par ailleurs l'air brillant et très sympathique. Mais on n'a pas la même relation para-sociale qu'avec Inox, qui au départ de l'aventure vit dans la salle de bain de ses parents, et pleure comme un gros bébé quand il atteint son sommet en nous livrant une petite morale empreinte de bons sentiments.
Je pense que désormais, on peut s'accorder sur le fait qu'il ne faut envoyer que des youtubers à plus de 8000 mètres, ils ont un meilleur sens du spectacle que Torquil Jones.
C'est peut-être ça, l'esprit shogun ?