Victimisation et spectacle
Ce film très intéressant aborde un phénomène caractéristique de notre temps.
En aucune autre époque il ne serait venu à l'idée d'un individu ou d'un peuple de se poser socialement en victime ; il n'y avait tout simplement aucun profit à en espérer et cet état de victime était précisément ce dont il fallait sortir au plus vite si l'on voulait retrouver la réalité commune et une vie digne de ce nom.
Par quel étrange phénomène le statut de victime est-il devenu quelque chose qui puisse sembler profitable ?
Si être une victime reste en soit un sort peu enviable, la mise en représentation du rôle de victime peut s'avérer dans certaines conditions fort avantageux dans un monde où tout tend à devenir marchandise et donc négociable. La condition indispensable à la profitabilité de ce négoce est sa mise en lumière dans la sphère médiatique, sa publicité.
Plus l'espace médiatique occupé sera important et plus profitable sera cette mise en spectacle, cette marchandisation d'une souffrance particulière.Il y a donc désormais les souffrances dont l'on parle, celles qui peuvent se médiatiser et qui donc occupent l'espace visible et puis toutes celles dont l'on ne parle pas et qui donc n'existent pas. Mais qui donc en décide ?