En visionnant 17 filles, j’ai ressenti deux impressions déjà vécues devant deux autres films : Compliance et Mesrine. Tout d’abord, cette incompréhension devant ces réalisateurs qui sous prétexte de « faits réels » peuvent pondre des films au sujet douteux et au parti pris qui frôle la nausée. On aura eu beau les faire passer pour des victimes, les héros de Compliance resteront des personnages stupides et sans bon sens. Au même titre que 17 filles qui se font engrosser par ennui, dépit ou manque d’affection, reste un sujet affligeant.
Ensuite, en rapport avec Mesrine, j’ai ressenti ce même dégoût face à des réalisateurs, donc des professionnels de l’artistique, qui mettent sur un piédestal des comportements outrageusement immoraux. Certes Mesrine était un tueur et ces jeunes filles sont juste des connes irresponsables mais les voir monter en héroïnes d’une génération, ce fut réellement douloureux.
J’ai trouvé ce film excessivement puéril. Il aurait été tourné par des adolescentes dans le cadre d’un projet scolaire, j’aurais pu trouver ça touchant et naïf. Mais il s’agit bien de deux adultes, de deux femmes, qui ont mis en images un fait divers qui loin d’être rigolo, est terrifiant. Rien que le pitch est basé sur un paradoxe d’une ironie grinçante qui aurait pu donner le départ d’un portrait acide de notre société, ce qui ne fut pas le cas.
En effet, le personnage principal, Camille, tombe enceinte par accident. D’abord apeurée, elle décide de garder l’enfant après avoir passé une énième soirée seule dans sa chambre parce que sa mère, qui l’élève seule, doit cumuler deux boulots pour s’en sortir. La jeune Camille, en manque d’amour, se dit qu’au moins, son enfant l’aimera. Sauf que dans l’histoire, pas de papa non plus. Elle devra donc cumuler deux boulots et laisser son mouflet à la maison. Comme maman.
Mais ça, Camille n’y pense pas. Elle pense juste qu’un ventre rond c’est mignon et qu’elle pourra toucher le RSA en attendant de finir ses études. Bah oui, 550 € / mois ça fait rêver non ?
Mais loin de garder ce précieux bonheur pour elle, elle décide d’embrigader des copines. « Faites comme moi, ce sera marrant, on vivra tous dans une grande maison !! Youhou !». Alors allons-y pour « l’engrossement party » ! Certaines jouent de leur charme, mais d’autres moins chanceuses devront lâcher quelques euros pour se voir féconder par des ados qui ne demandent que ça (sympa à raconter à son fils quand il demandera d’où il vient). Et vas-y que je te jette les capotes aux oubliettes. Les MST connaît pas !
Et que dire des réactions des (rares) adultes du film ! Lors d’une courte scène dans la salle des profs, on peut entendre certains se demander ce qu’ils pourraient bien faire pour stopper l’épidémie (déjà 11 gamines atteintes) alors que d’autres s’insurgent au contraire, prônant la liberté individuelle et applaudissant des deux mains le courage de ces jeunes filles rebelles !
J’ai presque envie de dire « Mais allô quoi !! »
Car il y a un élément essentiel totalement occulté du film : les bébés. Personne n’évoque le futur, à part ces idiotes de gamines qui se voient vivre à 30 dans un grand appartement, alternant les gardes de bébés pour pouvoir continuer de travailler et se crêpant le chignon parce que pouf 1 veut appeler son gamin comme pouf 2. La seule motivation de ces filles est résumée dans une scène d’anthologie où Camille déballe tout à l’infirmière scolaire (qui ne bronche pas, clap clap) en lui expliquant que tout ce qu’elles veulent c’est vivre une vie différente que celle de ces cons d’adulte qui ont des existences de merde. « Nous, on a choisi de vivre autrement ok ?? »
Autrement ? En faisant un môme ? Tu veux dire comme 800 000 foyers en France chaque année. Je te trouve bien téméraire jeune fille !
Sincèrement, pour bosser dans le social, je ne rencontre quasiment que des familles monoparentales qui en chient. Dans 95% des cas, des mères seules. Je ne remercierai jamais assez toutes ces femmes qui dans les années 60 ont fait bouger les choses pour les libertés de la femme, dont celle de jouir librement de notre corps (droit à la pilule contraceptive, droit à l’avortement). Mais pousser le vice jusqu’à s’émouvoir devant des enfants de 17 ans qui réclament le droit de mettre des bébés au monde parce qu’elles le peuvent, c’est juste affligeant.
Certes, à la fin du film, les filles prennent une petite claque (d’où mon 2) et ça ne finit pas dans de l’eau de rose comme pouvait le laisser présager le début, mais à aucun moment les réalisatrices n’ont les tripes de montrer les enfants issus de ces unions. On ne verra qu’une rangée de poussettes avec en voix off une des 17 gamines qui nous explique, à nous adultes débiles, que la jeunesse est pleine de fougue et que personne ne pourra l’arrêter.
Sauf le temps, espèce d’écervelée ! On en reparlera quand tu auras de la purée de carottes dans les cheveux, pestant sur le fait que tu ne peux même pas chercher du boulot parce qu’une nounou coûte les yeux de la tête et qu’aucune de tes amies ne peut garder ta fille parce qu’elles sont toutes dans la même galère.
J’ai bien conscience de passer pour nana vieux jeu sur ce coup-là, mais je n’ai jamais réellement accroché avec ces portraits féministes qui prônent une ultra libéralisation de la femme. Je trouve ridicule ce désir de vouloir se réaliser femme et mère de façon totalement indépendante des hommes. J’ajoute, afin de ne pas encombrer le débat, que j’exclus ici l’homosexualité ou l’homoparentalité, c’est une autre discussion, mais je parle bien de ces femmes qui se voient emplies d’une certaine puissance sous prétexte qu’elles ont la possibilité de porter un enfant.
La vie est beaucoup trop précieuse et fragile pour oser la donner sur un coup de tête. Ce film, peut-être sans le savoir, tend à démontrer l’inverse et offre le constat accablant qu’il y a aujourd’hui beaucoup trop d’enfants qui ne sont que les produits de stupides égoïstes.