Je redécouvre le premier long métrage de Christophe Honoré : un film de petite mine qui de prime abord s'avère assez rébarbatif et même peu sympathique... 17 moments de la vie d'une femme donc, rappelant les jeux interactifs des premiers courts métrages de François Ozon ( Action Vérité, principalement ) tout en assumant un caractère romantique plutôt surprenant in fine.
Si l'atmosphère cafardeuse des premières minutes laisse présager le pire ( qui - Catherine Breillat, peut-être ? - arbore une filmographie aussi empreinte de morosité plombante que celle de Christophe Honoré dans le cinéma français actuel ? ) 17 fois Cécile Cassard se mue progressivement en un exercice de style tout à fait ludique, jouant sur l'érotisation des corps et des visages. Béatrice Dalle et Romain Duris, entre la fleur et la force de l'âge, sont souvent admirablement filmés par Honoré et témoignent tous deux d'une intelligence de jeu difficilement contestable.
Typiquement français, lorgnant explicitement du côté de la littérature expérimentale ( Pierre Guyotat et son langage savamment ordurier se voit fièrement cité par l'un des personnages ) et de la Nouvelle Vague ( Jacques Demy et son penchant pour la chansonnette...) 17 fois Cécile Cassard reste un film totalement inégal, pas toujours étranger à l'ennui ni à l'antipathie mais laissant sur une impression de poésie tour à tour ombrageuse, minérale et étrangement abrasive. Mention spéciale à Alex Beaupain qui signe là une composition musicale proprement grisante et obsédante. L'un des meilleurs films de Christophe Honoré, assurément.