On n’en voudra jamais assez à Alejandro Gonzalez Inarritu d’avoir lancé cette mode du plan-séquence à outrance, sans queue ni tête, juste pour montrer qu’on sait faire de jolies images, et en oubliant qu’un film, c’est quand même d’abord tout le reste.
Double vainqueur surprise aux Golden Globes, alors que Netflix repartait quasiment bredouille, et désormais sérieux outsider pour les Oscars, 1917 pèche sur pratiquement tous les plans. Certes, au début, ce plan-séquence prend aux tripes, on est parfois surpris, même si on se demande comment Mendes va pouvoir tenir deux heures comme ça. Et en fait, il ne tient pas. Si on aurait pu passer outre l’insipidité des acteurs principaux, vu que ce n’est pas, tellement, l’important ici, on ne peut pas, en revanche, ne pas s’arrêter sur les deux principaux défauts du film : on s’ennuie affreusement tant c’est long, et surtout, on ne croit à absolument rien de tout ce qui nous est montré, tant ce scénario est écrit avec deux paires de pieds.
Le personnage principal va de miracle en miracle, de dei ex machina en dei ex machina, sans que ça ne semble poser de problème à personne. Il se retrouve dans des zones censées être abandonnées, et paf, des allemands (vilains, forcément, on a dit que c’était des allemands) sortent de nulle part pour les besoins du scénario. Il est complètement apathique, prend le temps de taper la discut’ avec la jolie fermière du coin, d’écouter un type chanter (c’est pas comme s’il avait une mission urgente à régler), survit à une bonne centaine de tirs allemands (sûrement tirés par le soldat qui louche de la Grande Vadrouille, vue l’efficacité). Rien n’est crédible, de la scène de l’escalier où Sam Mendes croit faire du Spielberg à cette ridicule scène de course en fin de film qui m’a fait me prendre la tête à deux mains pendant 5 minutes, absolument rien.
On sauvera, malgré tout, quelques dialogues, la – trop courte – apparition de Benedict Cumberbatch, la reconstitution des champs de bataille. Pour le reste, Sam Mendes a déjà gagné son oscar pour son chef-d’œuvre il y a vingt ans. Espérons que celui-ci échoira à quelqu’un d’autre, qui, pour le coup, le mériterait bien plus.